Delphine Ernotte l'avait dit, elle ne veut plus "danser avec le diable Netflix". Dans un communiqué publié ce matin, France Télévisions annonce ainsi avoir signé le 21 décembre 218 un nouvel accord avec les producteurs français* de fictions et de documentaires. Ce dernier permet au groupe public d'atteindre l'un de ses objectifs stratégiques : avoir davantage de droits sur la "vie numérique" des programmes qu'il finance pour ses antennes.
D'après les termes de l'accord valable au 1er janvier 2019, France Télévisions bénéficiera désormais en matière numérique d'un droit d'exclusivité aligné sur ses droits linéaires, soit entre 30 et 36 mois. Concrètement, on ne pourra pas retrouver des séries ou des téléfilms financés majoritairement par France Télévisions sur les plate-formes de chaînes gratuites concurrentes pendant cette longue période. Par ailleurs, le public pourra aussi avoir accès plus longtemps au replay de certains épisodes de séries. Dorénavant, France Télévisions sera ainsi libre de mettre à disposition sur ses plateformes de replay l'intégralité des épisodes d'une série jusqu'à 7 jours après la diffusion du dernier épisode.
Avec cet accord, France Télévisions bénéficiera aussi d'une période d'exclusivité en matière de SVOD**. Désormais, le groupe public aura pendant 12 à 24 mois les droits SVOD exclusifs des oeuvres qu'il finance à plus de 66% pour la fiction ou à plus de 55% pour le documentaire. De quoi éviter la mésaventure "Dix pour cent", dont la saison 3, financée par France Télévisions, a été mise en ligne sur Netflix un mois seulement après sa diffusion sur France 2. De bon augure aussi pour le catalogue de Salto, la plate-forme de SVOD "made in TF1/France Télé/M6", qui doit sortir de terre cette année.
En échange de ces nouveaux droits accordés à France Télé, les producteurs ont obtenu que la durée d'exploitation exclusive des programmes en linéaire soit réduite de 48 mois à 36 mois, voire même à 30 mois pour une fiction unitaire. France Télévisions a par ailleurs accepté que la part de programmes réservée aux producteurs indépendants passe de 75 à 82,5%. Le groupe public s'engage enfin à maintenir ses investissements annuels par genre pour la période 2019-2022, avec un engagement total de 420 millions d'euros par an.
*Le SATEV, le SPECT, le SPFA, le SPI, et l'USPA
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