Le feuilleton concernant le bilan que doit faire le CSA du mandat de Rémy Pflimlin continue. Le 4 novembre dernier, BFM Business avait publié les premiers éléments d'un pré-rapport confidentiel préparé par l'autorité administrative. Ce dernier devait encore être discuté et voté par les Sages de l'audiovisuel, puis être publié dans sa version officielle le 6 novembre dernier.
Mais sa fuite dans la presse a visiblement changé la donne, repoussant sine die sa publication. Entre-temps, Rémy Pflimlin a en effet exprimé sa colère contre les "affirmations erronées ou caricaturales" contenu dans ce pré-bilan, plongeant le CSA dans l'embarras. Aujourd'hui, BFM Business a décidé de rendre publique la version intégrale du pré-rapport. Globalement très négatif, le texte de 109 pages dresse la liste des réussites et des échecs du service public depuis l'arrivée de Rémy Pflimlin à sa tête en août 2010. puremedias.com vous en propose une synthèse.
1 - Une information de qualité
Le document salue tout d'abord "la qualité" et "la diversité" de l'offre d'information de France Télévisions, qu'il s'agisse de ses JT ou de ses magazines. Un domaine dans lequel le service public se différencie clairement des groupes privés notamment par des formats innovants, ce dont se félicite les auteurs du texte.
Le pré-rapport épingle cependant "Le Grand Soir 3" sur France 3 qui n'a selon lui "rencontré ni son public ni fait la démonstration d'une approche spécifique dans le traitement de l'information". Pour les auteurs du texte, cette nouvelle formule a en outre eu "de lourdes conséquences" sur l'offre de la Trois en deuxième partie de soirée, comme par exemple la migration sur France 2 du magazine culturel "Ce soir (ou jamais !)".
2 - Le développement de son offre numérique
"La mandature de Rémy Pflimlin a été marqué par d'importants rattrapages dans l'approche du groupe vis-à-vis des médias numériques" se félicite ensuite le document, soulignant notamment les progrès en matière de télévision de rattrapage et de développement de plateformes numériques (Francetv Info, Culturebox...). Notant une "augmentation notable" des audiences sur le web de France Télévisions, les auteurs du texte observent aussi la naissance au sein du service public d'un "esprit précurseur" en matière de numérique.
3 - Un soutien à la création important
Le conseil salue aussi le maintien dans un contexte financier contraint de l'investissement dans la création cinématographique. Il met aussi en avant la qualité du dialogue qu'a su instaurer Rémy Pflimlin avec les professionnels de ce secteur.
1 - Une audience en baisse et vieillissante
Le document se dit "inquiet du phénomène de baisse des audiences qui affecte l'ensemble des chaînes publics". Il exprime aussi une préoccupation particulière concernant le vieillissement des téléspectateurs des chaînes du service public. "Les moins de cinquante ans ne représentent jamais plus de 30% de l'audience des trois principales chaînes (France 2, France 3 et France 5)" pointe du doigt le document. Pour les auteurs du pré-bilan, ce phénomène s'explique par un "insuffisant renouvellement des programmes".
2 - Des programmes à la qualité insuffisante
Les programmes, justement, sont au coeur de la critique du bilan de Rémy Pflimlin. Le texte souligne ainsi leur qualité parfois insuffisante (hors information) et leur manque d'audace, notamment en matière de fiction. Les auteurs critiquent par exemple la prédominance des séries policières sur les chaînes du service public et leur manque "d'aspérité". Taxant plusieurs chaînes comme France 3 ou France 5 "d'immobilisme" en matière de programmation, le texte regrette aussi le maintien à l'antenne de plusieurs émissions anciennes comme "Les Z'amours", "Motus", ou encore "Questions pour un champion".
Le texte critique aussi que le choix du service public d'avoir mis à l'antenne des émissions proches de celles proposées par les chaînes privées comme "Qui sera le plus grand pâtissier ?" ou "Une semaine sans les femmes". Quant à l'offre culturelle de France Télévisions, le document la juge "trop confidentielle", notamment en matière de spectacles vivants et de "culture classique" (arts et lettres).
3 - Un périmètre et des identités à repenser
Le pré-bilan pose aussi la question de l'identité des différentes chaînes de France Télévisions. Il souligne ainsi un "problème d'harmonisation" entre France 2 et France 3. La Deux est accusée de diffuser en prime time des émissions se rapprochant trop de la ligne éditoriale de France 3 marquée par l'histoire et le patrimoine. Et le texte de citer la diffusion sur France 2 de "Secrets d'Histoire", "Le jardin préféré des Français" ou encore de "Vos objets ont eu une histoire".
Quant à France 4 et France O, le pré-rapport pose carrément la question de leur maintien. "La ligne éditoriale est, de fait, ambivalente, et le contrat de lecture pour les téléspectateurs peu lisible" tacle le texte à propos de la nouvelle formule de France 4. Le document estime ainsi indispensable "de mener une refléxion sur le périmètre de cette chaîne (...) s'il est décidé de la maintenir".
4 - Une gouvernance critiquée
Le pré-rapport critique enfin "la réorganisation incessante" et "l'instabilité" dans l'équipe dirigeante, "particulièrement préjudiciables à la clarté des lignes éditoriales et aux processus de décision". Le texte dénonce un organigramme illisible et appelle l'entreprise à être plus transparente concernant le poids de sa masse salariale et les rémunérations de ses dirigeants. Le document souligne enfin "les errements des plans de départs volontaires" mis en oeuvre par le passé par l'équipe dirigeante.