Champagne mais pas trop à Radio France. Si le groupe radiophonique public peut se targuer aujourd'hui des excellentes audiences de France Inter et de France Culture, l'euphorie n'est pas vraiment au rendez-vous dans les locaux de la Maison ronde. Quatre syndicats de Radio France (CGT, CFDT, SNJ et SUD) viennent d'appeler à la grève à partir de lundi prochain, selon des communiqués diffusés mardi soir. Un mouvement de grogne qui entend protester contre le plan de départs volontaires qui doit concerner près de 300 salariés de Radio France.
Plus précisément, dans un communiqué commun publié suite à un comité social et économique (CSE), les syndicats CFDT, SNJ et SUD appellent à cesser le travail toute la semaine prochaine, soit du lundi 25 au vendredi 29 novembre. De son côté, la CGT appelle à une "grève reconductible indéterminée à partir du 25 novembre". Enfin, l'UNSA appelle à un mouvement circonscrit à la journée de lundi. Les antennes de Radio France devraient donc immanquablement subir des perturbations la semaine prochaine.
En juin dernier, déjà, l'annonce de ce plan d'économies avait déclenché un mouvement de grève très suivi, qui avait fortement impacté les antennes. À l'époque, la direction de Radio France, emmenée par Sibyle Veil, tablait sur la suppression de 390 postes. Un chiffre qui a depuis été revu à la baisse après le rapport d'un cabinet indépendant, mandaté par le comité social de Radio France, qui qualifiait les économies visées de "surdimensionnées". Ce sont finalement 299 postes qui seront concernés tandis que Sibyle Veil a annoncé la semaine dernière, dans un courrier aux salariés, la création de 76 postes "pour intégrer à Radio France des profils indispensables pour garantir (son) avenir". "J'ai veillé à limiter au strict nécessaire le nombre de départs volontaires de salariés", promettait-elle.
Insuffisant donc pour les syndicats qui jugent que le plan de départs est "dangereux pour les salariés et la perennité de Radio France". Comme Delphine Ernotte à France Télévisions, Sibyle Veil est contrainte par les exigences de sa tutelle, qui attend de l'audiovisuel public qu'il se serre la ceinture. Construit autour de sept stations nationales, dont France Inter, la première radio de France, et des 44 stations locales de France Bleu, Radio France comptait, fin 2018, 4.780 salariés pour un budget d'un peu moins de 700 millions d'euros. À horizon 2022, le plan d'économies de Sibyle Veil entend anticiper la baisse de la contribution de l'État, de l'ordre de moins de 20 millions d'euros, l'augmentation des charges de personnel (20 millions d'euros) et un investissement dans le numérique de 20 millions d'euros.