Des économies, oui, mais pas à n'importe quel prix. C'est le sens du communiqué du député PCF de Seine-Maritime Sébastien Jumel, qui s'inquiète en cette fin de semaine du plan d'économies que s'apprêterait à présenter lundi lors d'un comité central d'entreprise la présidente de Radio France, Sibyle Veil. Alors que la somme de 22 millions d'euros à l'horizon 2022 était évoquée jusqu'à présent, on s'acheminerait finalement vers un plan trois fois plus important que prévu, à hauteur de 60 millions d'euros d'économies sur un budget total d'environ 650 millions d'euros.
Radio France prévoit un budget à l'équilibre cette année pour la deuxième fois consécutive, malgré la baisse de ses financements publics. Dans un rapport publié au mois de février, la Cour des comptes avait noté les progrès accomplis ces dernières années tout en qualifiant la situation financière du groupe d'"inquiétante".
Ce plan d'économies revu à la hausse a également été confirmé par une source syndicale auprès de l'AFP, une semaine après que la présidente du groupe radiophonique public a reçu les syndicats pour en évoquer les contours. Dans le détail, les restrictions budgétaires seraient destinées à compenser les contributions en baisse de l'Etat (20 millions d'euros), l'augmentation des charges (20 millions d'euros) et l'investissement dans le numérique (20 millions d'euros).
Alors que le député Sébastien Jumel évoque dans son communiqué la perspective d'un plan de départs volontaires, la source syndicale interrogée par l'AFP parle plutôt de "départs ciblés". Au printemps 2015, une grève avait paralysé pendant près d'un mois les antennes pour protester contre les économies et les suppressions d'emplois annoncées à l'époque, sous la présidence de Mathieu Gallet.
"Cette saignée aura des incidences importantes sur les contenus, s'alarme le député communiste. Réaliser une émission de qualité sur l'antenne est coûteux, certains programmes passeront donc à la trappe ou devront être produits à l'économie". Dans le détail selon lui, les antennes de France Musique et de France Inter devraient être impactées avec, pour la première, des émissions "déjà dans le collimateur pour la rentrée" telles que "A l'improviste", "Le cri du patchwork", "Le portrait contemporain", "Tapage nocturne" et "Ocora Couleurs du monde". Sur France Inter, le magazine de reportage du samedi, "Comme un bruit qui court", serait également sur la sellette. La direction de Radio France n'a pas souhaité commenter ces informations auprès de l'AFP, dans l'attente de la réunion prévue lundi.