"Ces deux-là ne partiront pas en vacances ensemble", comme aimait à le dire Thierry Roland. Depuis samedi, Raymond Domenech et Christophe Dugarry s'interpellent par médias interposés dans des termes assez vifs. Tout a commencé par des déclarations de Raymond Domenech concernant le joueur de l'équipe de France Espoirs, Layvin Kurzawa. Ce dernier s'était illustré mardi soir lors de l'ultime match de qualification pour l'Euro 2015 contre la Suède. Pensant avoir marqué le but décisif, il a idiotement "chambré" l'équipe adverse en faisant un salut militaire. C'était sans compter sur un dernier but de la Suède qui a finalement privé les Bleuets de la compétition qui se déroulera en République Tchèque.
Interrogé mercredi par Le Monde, Raymond Domenech a condamné le geste du jeune joueur de Monaco : "Quand on voit le comportement de Kurzawa, on se dit qu'il est débile, on se demande où il a mis son cerveau". L'ancien sélectionneur des Bleus en avait profité pour critiquer l'état d'esprit de l'ensemble de l'équipe de France Espoirs : "Ils sont tellement dans un statut de stars, ils sont tellement persuadés d'être des champions... Pour les joueurs qui ont participé à la déroute contre la Suède, c'est une terrible gifle. S'ils n'intègrent pas ça, c'est à désespérer".
Des propos qui n'ont visiblement pas plu à Christophe Dugarry. Le consultant du "Canal Football Club" sur Canal+ a pris dimanche soir la défense du jeune Layvin Kurzawa. "Raymond Domenech, après l'élimination à l'Euro 2008, il demande sa femme en mariage. En 2010, il refuse de serrer la main du sélectionneur de l'Afrique du Sud, Parreira. C'est le coach qui va faire la retransmission pour expliquer qu'il va y avoir une grève. Non mais la honte du football, il l'a mise lui ! Et il va se jeter sur un gamin comme ça, sur Kurzawa. C'est une honte ! (...) Domenech, il ferait mieux de faire profil bas parce que s'il y en a un qui a mis la honte sur le football français, c'est bien lui" a taclé le champion du monde 1998.
L'histoire aurait pu s'arrêter-là mais Raymond Domenech a répondu à son tour via une tribune publiée dans le Huffington Post. "Cher Christophe, Ah qu'il est loin, l'heureux temps où tu me disais d'un air candide : 'coach, est-ce qu'il faut applaudir à la mi-temps' alors que nous arrivions à l'entracte d'une pièce de théâtre ?", moque d'emblée Raymond Domenech.
L'ancien sélectionneur attaque la légitimité de Christophe Dugarry en tant que consultant, ironisant avec férocité sur sa carrière de joueur pas toujours glorieuse. "Ta carrière de footballeur a plaidé pour toi. Tu as fait l'unanimité partout où tu es passé. À Barcelone par exemple. Un très beau transfert que certaines mauvaises langues avaient à l'époque osé qualifier de bide. Cette brillante carrière, faite de technique et de dextérité te permet d'expliquer aujourd'hui à tout le monde ce qu'il faudrait faire... ou pas. Là tu es très performant".
Domenech rappelle aussi à "Duga" les dérapages lorsqu'il était joueur. "Parlons donc un peu de toi, si tu veux bien. N'as tu pas été expulsé quelques fois pour des actes de violence sur un terrain ? Je te donne une piste : sous ma direction lors d'un France-Suède en Espoirs déjà. Est-ce le souvenir de ce grand moment de ta carrière qui ravive ton aigreur à mon égard, je n'ose le croire", lâche l'ancien sélectionneur de l'équipe de France.
"J'aime le football et ses acteurs, moins ses commentateurs c'est vrai. Et pour la liberté de parole certains ont combattu et combattent encore jusqu'à la mort. N'oublie pas, cher Christophe, toi qui a été pendant des années moqué, hué par une bonne partie du monde du foot que tu peux aujourd'hui donner ton avis, aussi maladroit, péremptoire, faux soit-il" tacle enfin Raymond Domenech. Avant de conclure : "Tu as choisi ta voie : donneur de leçons".