Ce matin, Aurélie Filippetti présente en Conseil des ministres son texte de loi de réforme du Conseil supérieur de l'audiovisuel. La ministre de la Culture et de la Communication organise également aujourd'hui à Paris les Assises de l'audiovisuel, où l'ensemble des acteurs de l'audiovisuel sont appelés à exposer leur vision et leurs réflexions sur la création et les financements.
En guise d'introduction à ces discussions, Rémy Pflimlin, le PDG de France Télévisions, signe une longue tribune dans Libération ce matin. Il y réclame une nette hausse de la redevance audiovisuelle, principale source de revenus de son groupe (ainsi que des autres entreprises publiques du secteur comme Radio France, Arte, l'INA et l'AEF). Dans cet article intitulé "L'indépendance à un prix", le dirigeant rappelle qu'il a décidé un sérieux plan d'économie dans son groupe ayant conduit à la suppression de plusieurs émissions dont le mythique "Taratata" de Nagui. Il précise que son groupe dépense chaque année 750 millions d'euros "à la création et aux créateurs".
Rémy Pflimlin déplore que la redevance soit faible en France, malgré son augmentation de 6 euros en 2013 (à 131 euros par an). "La contribution à l'audiovisuel public - la "redevance" - reste à un niveau sensiblement inférieur à celui que connaissent nos voisins, après avoir été presque gelée pendant la décennie 2000", écrit-il en appelant à une réforme complète de la taxe.
"Faisons-la évoluer, comme en Allemagne et en Suède, et gageons qu'en modernisant ce pilier du financement de l'exception culturelle, la France confortera les positions qu'elle défend en Europe et face au monde", poursuit le dirigeant. Ces deux pays ne sont pas choisis au hasard, la Suède récemment décidé de soumettre à la redevance les citoyens sans téléviseur qui regardent la télévision sur Internet. L'Allemagne a, elle, choisi de taxer tous les foyers, y compris les résidences secondaires. De plus, ces deux pays ont des redevances nettement supérieures à la nôtre : 216 euros par an pour l'Allemagne et 242 euros en Suède. Rappelons qu'en France, chaque euro supplémentaire de redevance rapporte 25 millions. Le budget de France Télévisions devrait atteindre 2,8 milliards d'euros en 2013, soit 130 millions de moins qu'en 2012.
Toujours dans Libération, Aurélie Filippetti devance la requête du dirigeant public et annonce la création d'un "groupe de travail parlementaire chargé de réfléchir à l'évolution des recettes du service public et de la redevance". Le dossier brûlant de la place de la publicité sur les antennes de France Télévisions fera partie des pistes que devront trancher les députés et les sénateurs, seuls décideurs du montant et de l'assiette de la redevance.