Finies, les conférences de presse de rentrée ! Du moins pour TF1, M6 et Canal+ qui ont décidé de faire l'impasse sur ce rituel immuable, qui donnait le coup d'envoi de la nouvelle saison télé. Début septembre, elles convoquaient, dans des endroits souvent prestigieux, tous les journalistes couvrant l'actualité des médias et de la télévision. Pendant une semaine, ils enchaînaient une à deux conférences par jour, pour entendre des patrons détailler leur stratégie, accueillir les animateurs débauchés pendant le mercato et critiquer la concurrence. Et partager quelques petits-fours avec les visages de la chaîne. Des chaînes historiques, seul le groupe France Télévisions fera un véritable point presse pour l'ensemble de ses antennes (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô). Une seule autre chaîne historique résiste, c'est Canal+, qui offrira encore cette saison un très chic pot de rentrée aux journalistes. Mais sans détailler ses programmes.
La plupart des chaînes de la TNT, exceptées Gulli et BFM TV notamment, ont aussi zappé ce rituel. Mais c'est chez les grandes chaînes que la stratégie de communication a changé. "Aujourd'hui on communique tout au long de l'année sur une vingtaine d'émissions qui durent entre 10 à 12 semaines. Présenter en septembre des programmes qui seront diffusés en mars n'a pas vraiment de sens", explique un porte-parole de M6. En effet, depuis que les émissions d'access prime time changent tous les trimestres, les chaînes privées n'ont presque plus de programmes qui durent de septembre à juin. "A l'heure du web et de l'information continue, les évolutions de notre grille sont annoncées au fur et à mesure et notre grille de rentrée est officialisée au mois d'août", avance-t-on du côté de Canal+. Avec plusieurs rentrées par an, celle de septembre a donc perdu de sa force.
Mais ce revirement s'explique surtout par des motifs économiques. Crise oblige, les revenus publicitaires ont fondu. Les budgets secondaires, comme la communication, sont souvent les premières victimes. "La période pousse évidemment à diminuer les dépenses superflues. Surtout que ce genre d'évenement pouvait coûter quelques dizaines de milliers d'euros", reconnaît-on dans une chaîne privée. Tout le monde a en tête la conférence de presse organisée par TF1 à l'Olympia pour sa rentrée 2007 avec Nonce Paolini apparaissant sur scène derrière son hologramme et la visite surprise de joueurs du XV de France à quelques jours du début de la coupe du monde de rugby ! Une autre époque. Dans une France qui se serre la ceinture, ce spectacle un peu bling-bling paraîtrait anachronique. Sans grand barnum, une rentrée "ça coûte quand même de l'argent", se défend M6. Organisation de séances photos, dossiers de presse interactif, clip avec les animateurs : tout cela est à la mode et a un coût élevé. Raison de plus pour limiter les excès.
Seules les radios voient encore un interêt à maintenir ce rendez-vous. "Pour nous c'est encore un moment important car en septembre on lance une grille qui ne bougera plus jusqu'en juin de l'année suivante. Il est important d'expliquer les choix et de présenter les têtes à la presse. En plus, nos conférences ont souvent lieu dans nos locaux. Le coût de l'opération est très modéré par rapport à ce qui peut se faire en télé", reconnaît le directeur de la communication d'une radio généraliste. Les journalistes se consoleront donc aux comptoirs de RTL, Radio France, Europe 1, RMC, RFM, etc. Jusqu'à quand ?