La plaie n'est toujours pas refermée. Le 7 décembre 2016, dans son 20 Heures, France 2 avait diffusé un sujet intitulé "Lieux publics : les femmes indésirables", en prenant pour exemple un bar de Sevran, qui, selon la journaliste Caroline Sinz, était un lieu rempli uniquement d'hommes "pas très accueillants". Une séquence en caméra cachée avait été tournée par deux militantes d'une association féministe locale pour corroborer ce postulat de départ. On entendait notamment un individu expliquer : "Dans ce café, il n'y a pas de mixité". Le reportage avait suscité de vives réactions, à commencer par celles de certains habitués du bar, pour qui le reportage ne décrivait pas la réalité. Les responsables politiques avaient également été nombreux à réagir à ce reportage, pour le condamner ou le saluer.
Selon le "Bondy Blog", Hervé Brusini, directeur en charge du numérique, de la stratégie et de la diversité à France Télévisions, a reconnu un problème lié à ce sujet. Comme trois autres médias nationaux, France Télévisions était auditionné le 29 janvier dernier par un groupe de travail "Image des quartiers" au ministère de la cohésion des territoires. A cette occasion, il est revenu sur le fameux sujet en décrivant "un bug". Contacté par le "Bondy Blog" pour préciser sa pensée, le cadre du groupe public a confirmé ce terme. "Il y a eu un bug oui et un problème qui s'est manifestement posé avec ce reportage. Comment analyser ce bug ? Ça, je ne sais pas. Je ne suis pas mandaté pour en parler", a-t-il affirmé.
Quelques heures après la parution de cet article du "Bondy Blog" repris par plusieurs médias, Pascal Doucet-Bon, directeur délégué de l'information de France Télévisions, a réaffirmé son soutien à ses équipes, dans un mail envoyé en interne que s'est procuré "L'Express". Il a regretté que les propos de Hervé Brusini aient été déformés et instrumentalisés, selon ses propres termes.
"Le travail effectué par la rédaction a été pleinement assumé à l'époque, et l'est toujours. Nous rappelons que le CSA n'a relevé aucun manquement de la chaîne dans cette affaire", a-t-il rappelé. L'été dernier en effet, le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait estimé que "ce reportage ne stigmatisait pas les habitants de la commune de Sevran, les faits étant présentés comme représentatifs d'un problème de société global" et n'avait donc prononcé aucune sanction.