L'heure n'est plus à la fête pour LCI. Après la validation de son passage sur la TNT gratuite arrachée au CSA en décembre dernier, la chaîne info du groupe TF1 a commencé depuis la fin de l'année dernière à discuter avec le régulateur de sa nouvelle convention. Cette dernière fixera pour l'avenir ses différentes obligations notamment en matière de programmes.
Si elles se font "en bonne intelligence" selon les deux parties, les négociations en cours devraient en effet durer plus longtemps que prévu. Défendant ses intérêts pour l'avenir, TF1 souhaite en effet assouplir au maximum sa convention afin de pouvoir ajuster sa formule en fonction de ses résultats. Alors qu'il souhaitait initialement une mise à l'antenne rapide de sa chaîne info, le groupe audiovisuel privé est désormais prêt à la reporter de plusieurs semaines.
"On préfère prendre notre temps sur une question aussi importante", explique-t-on à TF1. Cette stratégie a cependant un coût. Depuis le 31 décembre dernier, TF1 ne peut en effet plus compter sur la redevance que lui versaient jusque-là les distributeurs pour diffuser LCI sur leur bouquet. Chaque jour, LCI perd donc 110.000 euros selon Challenges. Elle ne peut s'appuyer aujourd'hui que sur ses recettes publicitaires, par définition aussi faibles que son audience actuelle.
De son côté, le CSA entend bien que soient respectés les engagements pris par écrit par TF1 lorsque la deuxième candidature de LCI a été présentée. "Il en va de la crédibilité de l'institution", souligne une source du côté de la Tour Mirabeau. Alors que l'arrivée d'une troisième chaîne info sur la TNT gratuite a fait grincer des dents de nombreux observateurs, le CSA n'entend pas permettre la création d'un clone de BFMTV et iTELE.
Son inflexibilité sur ce point a d'ailleurs été rappelée aujourd'hui par Olivier Schrameck lors des traditionnels voeux du CSA. "Dans un premier temps, TF1 avait projeté ses projets pour LCI au mois de septembre prochain pour la plupart d'entre-eux. Nous avons souligné qu'il était indispensable que l'ensemble des engagements pris soient tenus dès que LCI commencerait à émettre sous sa nouvelle forme", a-t-il expliqué, évoquant un "travail très dense" mené actuellement.
Parmi les engagements pris par LCI, il y a notamment celui de ne consacrer que 30% de son temps d'antenne aux JT pour se démarquer de ses concurrentes. Les journaux ne pourraient ainsi représenter que 18 minutes par heure d'antenne ! C'est peu pour une chaîne d'information "en continu". Un pari risqué surtout s'il est gravé dans le marbre de la convention.
Les négociations devraient donc encore se poursuivre pendant plusieurs semaines, éloignant d'autant la date d'arrivée de LCI sur la TNT gratuite. Sur ce point précis, aucune des deux parties ne souhaite d'ailleurs s'avancer. TF1 préfère ainsi ne pas donner de calendrier précis, espérant malgré tout parvenir à un lancement de sa chaîne avant le passage à la TNT HD, le 5 avril prochain.
De son côté, le CSA espère pouvoir signer la convention de LCI dans les deux mois qui viennent. "Je pense que ça peut être signé avant fin mars", a seulement annoncé Olivier Schrameck aujourd'hui. Un délai qui permettra sans doute à son institution de prendre connaissance de la décision du Conseil d'Etat concernant le transfert de LCI sur la TNT gratuite. Saisie par BFMTV, la plus haute juridiction administrative devrait prendre sa décision d'ici la mi-février dans ce dossier.
Une fois la convention signée, LCI aura encore à attendre la publication au Journal officiel de son autorisation d'émettre. La chaîne devra aussi organiser techniquement sa diffusion. Cette étape pourrait être rapide même si "un certain nombre de réorganisations sont à prévoir dans les multiplex" comme l'a rappelé Olivier Schrameck. Reste enfin l'épineuse question de la numérotation de LCI. Si la chaîne devrait a priori occuper le canal 26 de la TNT, il appartient encore au CSA de trancher définitivement cette question éminemment stratégique.