Le discours complotiste sanctionné. Dans une décision prise le 16 décembre 2020 et publiée au Journal officiel ce mercredi, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a mis en demeure RMC et RMC Story après les propos polémiques du professeur Christian Perronne. Invité du "Grand oral" des "Grandes Gueules" d'Alain Marschall et d'Olivier Truchot, le 31 août dernier, le médecin qui a participé au documentaire contesté "Hold Up" et qui a été suspendu de ses fonctions par l'AP-HP en décembre, s'était exprimé à plusieurs reprises sur la pandémie de Covid-19, mais aussi sur la maladie de Lyme et le paludisme.
"Aujourd'hui, nous faire croire que l'épidémie progresse partout dans le monde alors que c'est faux, que l'épidémie régresse (...), que la mortalité dans le monde entier est en train de baisser. En France (...), ça repart à la baisse. A moins de dix décès par jour en France, ce n'est pas plus que n'importe quel virus respiratoire chaque année", a-t-il déclaré, s'interrogeant sur l'obligation du port de masques dans la rue. Or, selon les chiffres rappelés par le CSA, citant Santé Publique France, la transmission du virus avait connu le 27 août une progression exponentielle, tout comme son nombre de nouveaux cas confiés. De plus, le nombre d'hospitalisations et d'admissions en réanimation étaient en hausse.
Le gendarme de l'audiovisuel a ainsi estimé que "les déclarations de l'invité sur le recul de l'épidémie et de la mortalité ne reflétaient manifestement pas la situation épidémique en France et dans le monde". "Or, d'une part, cet invité était le seul membre médical présent en plateau et, d'autre part, ces déclarations n'ont pas fait l'objet d'une contradiction suffisante par les autres participants, ni par les journalistes", a indiqué le CSA, jugeant que RMC "ne peut être regardée comme ayant fait preuve d'honnêteté et de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information sur la pandémie".
De plus, le Conseil a relevé d'autres points de vue sur des questions prêtant à controverse, comme sur l'utilisation de l'hydroxychloroquine. Le professeur Christian Perronne a également défendu l'utilisation des tisanes d'artemisia comme traitement antipaludéen, une méthode qui aurait selon lui suscité "une colère monstre de Bill Gates, de l'OMS, parce qu'ils voulaient absolument promouvoir un vaccin pour le paludisme qu'ils n'arrivent pas à fabriquer depuis 20 ans". Par ailleurs, il a aussi soutenu la théorie selon laquelle la maladie de Lyme aurait été "créée en laboratoire par l'armée américaine par un ancien nazi".
Le CSA a noté que les thèses que le médecin a avancées n'ont pas été "véritablement discutées" : "Seules ses opinions ont été présentées, aboutissant à un déséquilibre marqué dans le traitement de ces sujets, alors que le caractère controversé de ceux-ci nécessitait l'expression de différents points de vue". Le Conseil a ainsi caractérisé "un défaut de maîtrise de l'antenne" qui entraîne une "mise en demeure" de RMC "de se conformer à l'avenir (...) à sa convention".