L'union fait la force. C'est l'adage qui a présidé à la création d'une "alliance" européenne associant France Télévisions, la Rai et la ZDF, les services audiovisuels publics de la France, de l'Italie et de l'Allemagne. Ce partenariat a été officialisé aujourd'hui par Delphine Ernotte, qui promet aussi des contacts privilégiés avec la RTVE (Espagne), la RTBF (Belgique) et la RTS (Suisse). L'idée est de développer le co-financement de projets de séries ayant une ambition européenne, et ainsi de faire mieux face à la concurrence des plateformes mondiales comme Netflix ou Amazon.
"Les chaînes scrutent trop les marchés nationaux, alors que nos téléspectateurs regardent des séries du monde entier. Les services publics européens investissent chaque année 14 milliards d'euros dans la création originale de contenus, tandis que Netflix en investit 7 milliards. Si nous mettons en commun une partie de ces moyens, nous pouvons demain peser sur la scène internationale", veut ainsi croire Delphine Ernotte dans un communiqué.
Plusieurs projets de séries transnationales ont dans le même temps été annoncés. C'est le cas de "Leonardo", une série sur la vie de Léonard de Vinci qui sera coproduite par la Rai, la ZDF et France Télévisions et diffusée en 2019 pour le 500e anniversaire de la mort de l'artiste. Autre projet, "Mirage", une coproduction France Télévisions-ZDF, épaulée par le producteur canadien Cinéflix. Cette série racontera l'histoire de Claire, une Française expatriée à Dubaï, qui croit à un mirage quand elle retrouve, quinze ans après sa mort supposée et sous une nouvelle identité, son ancien mari. Coproduite par la Rai et France Télévisions, "Eternal City" tentera pour sa part de faire revivre la Rome du début des années 1960 en dépeignant le destin de Sophie, une jeune starlette française qui rêve de Cinecitta mais est retrouvée mystérieusement assassinée dans son petit appartement de la via Veneto.
Après leur diffusion sur leurs chaînes respectives, les groupes publics audiovisuels auront à coeur d'éviter le départ de ces co-productions onéreuses vers les plateformes de SVOD telle Netflix, comme c'est souvent le cas aujourd'hui. De quoi relancer le débat sur la création d'une plateforme alternative aux géants américains. "A terme, je pense qu'il faut que nous allions vers une ou des plateformes, mais on ne peut pas reprendre le schéma de Netflix parce que cela ne correspond pas à notre organisation politique et économique, mais je dirais que nous avons les moyens de créer cet environnement qui a pour seul objectif de porter très haut la création européenne, c'est pour cela que je me bats, et c'est le bon moment", a estimé Delphine Ernotte dans son communiqué. Annoncé il y a plus d'un an, son projet de créer un Netflix français semble pourtant pour l'instant dans les limbes. La présidente de France Télévisions compte sans doute sur cette "alliance européenne" pour le relancer.