Interview
Stéphane Gendarme (M6) : "L'innovation, c'est la marque de fabrique de nos journaux"
Publié le 14 juillet 2017 à 13:34
Par Pierre Dezeraud
puremedias.com a rencontré le directeur de l'information de M6.
Stéphane Gendarme, directeur de l'information de M6 Stéphane Gendarme, directeur de l'information de M6© S. LANCRENON / M6
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Les journaux de M6 se portent bien. La semaine dernière, "Le 19.45" était à son plus haut niveau de la saison tandis que "Le 12.45" reste un point d'entrée important pour de nombreux téléspectateurs de la Six à la mi-journée. Après plus de dix ans d'expérimentations diverses en matière d'information, les JT de M6 semblent aujourd'hui pérennisés. L'occasion de faire un état des lieux avec Stéphane Gendarme, directeur de l'information de M6 depuis 2015.

À LIRE AUSSI : Une journée avec... Nathalie Renoux ("Le 19.45")

Propos recueillis par Pierre Dezeraud.

puremedias.com : Quel est votre degré d'implication dans la préparation des journaux de M6 ?
Stéphane Gendarme : Je suis surtout le gardien de la ligne éditoriale. Pour ce qui est de la construction et de la mise à l'antenne des journaux, j'ai deux adjoints. Surtout, il y a un rédacteur en chef sur chaque édition. Ce sont eux qui font leur journal avec le présentateur et leurs équipes. Moi, j'essaie simplement d'apporter des idées, surtout sur les angles, et d'encadrer. Après les journaux, je fais aussi quotidiennement un débrief avec les équipes. Je me dois d'être le garant de la crédibilité, du sérieux et de la qualité de l'information sur M6.

L'ambition du "12.45" et du "19.45", c'est de rester des journaux de référence pour les cibles jeunes et le public féminin ?
Non. Ce sont des journaux d'information. Notre matière première, c'est l'information. Si Mossoul doit tomber, ce sera en ouverture de nos éditions. Ce n'est pas l'ordre des sujets qui diffère dans notre offre mais la forme et les angles avec lesquels nous les abordons. Maintenant, on ne cherche pas à être suivi spécifiquement par les publics cités. On s'en réjouit naturellement mais ce n'est pas notre objectif.

Donc, vous ne cultivez pas une certaine affinité avec les publics jeunes et féminins ? Par exemple avec des sujets plus légers, plus "people"...
Non, en effet. En fin de journal, on a des respirations plus culturelles mais ce n'est pas du people. On peut faire à la fois la dernière exposition à Beaubourg et un sujet sur Rihanna ou Beyoncé. C'est peut-être une dimension culturelle plus jeune que dans d'autres journaux mais ce n'est pas un gros mot. Parler des chanteuses qui attirent l'oreille des jeunes, pourquoi s'en priver ? C'est surtout vrai sur le high tech et les nouvelles technologies. On essaie d'être à la pointe sur ces sujets. Il y a quelques années, notre slogan était "Les JT en avance sur leur temps". C'est toujours le cas aujourd'hui ! Je vous donne un exemple. On avait fait un sujet sur le hand spinner un mois avant que cela ne devienne un phénomène. Je pense qu'en télévision, a été parmi les premiers à en parler. Et nous sommes souvent les premiers...

Vous vous autorisez quand même des sujets plus "respiratoires" comme lorsque vous faites un sujets sur les danses sexy au moment de la Saint-Valentin...
Oui mais parce que nous sommes sans doute plus moderne que les autres sur ce sujet. Il n'y a pas de tabou, nous revendiquons notre différence.

Nous avons compris que la grand-messe du 20 Heures était terminée Stéphane Gendarme

Cette différence, c'est l'ADN de votre journal.
Oui. Pourquoi ? Parce que nous avons compris que la grand-messe du 20 Heures était terminée. Pour moi, un journal moderne doit être rythmé, plus court, avec une nouvelle manière d'aborder l'information. Vous savez, toutes les informations traitées dans nos journaux le sont de manière sérieuse.

Pour reprendre le terme d'ADN, vous vous inscrivez aussi dans celui de M6 qui a longtemps été très "magazine" et qui se revendique proche des gens.
Bien sûr mais l'information, c'est quoi sinon le quotidien des gens ? Mais nous ne sommes pas le journal de l'anecdote, on fait aussi de la politique étrangère, on a reçu tous les principaux candidats à la présidentielle... Après, ce qui nous rapproche du magazine, c'est la force de l'image. Nous sommes très attentifs à cela. Ce qui nous rapproche aussi de nos téléspectateurs, c'est l'aspect didactique de nos journaux. C'est par exemple le succès de la rubrique "Expliquez-nous". Quand on l'a lancé, personne ne le faisait en France. Maintenant, c'est partout. Ça nous fait sourire, on n'en tire pas une gloire absolue mais c'est significatif.

Et ce n'est pas la seule fois où vous avez inspiré vos concurrents.
Vous parlez du JT debout ? Oui, et les gens souriaient à l'époque. Idem avec les dispositifs de réalité augmentée... Si nous ne bougeons pas, nous ne continuons pas à être dans l'innovation. Et l'innovation, c'est la marque fabrique de nos journaux. Le maître-mot chez nous, c'est "L'innovation au service de l'information". Typiquement, la réalité augmentée, nous avons été les premiers à l'exploiter de manière quotidienne dans un JT. Sur une autre chaîne, on a quand même vendu l'apparition en hologramme du futur président de la République. Nous, on l'avait fait il y a cinq ans. Ça me fait sourire parce que ça veut dire que nous ne nous sommes pas trompés. Donc, oui, on essaie toujours d'avoir un coup d'avance.

Il y aura plus de réalité augmentée dans 'Le 19.45' à la rentrée Stéphane Gendarme

Et alors quel sera votre prochain coup d'avance ?
On va pousser encore plus loin dans la réalité augmentée à la rentrée. Pour être honnête, ce ne sera pas une révolution, mais le "Expliquez-nous" sera différent, la réalité augmentée sera adaptée et renforcée. Par exemple, les fresques derrière le présentateur dans le studio Jean Drucker seront agrandies. C'est de l'adaptation. On poursuit notre course et surtout, on le fait de manière humble.

Le nouveau plateau du "19.45", qui sera dévoilé en septembre prochain, ne sera pas radicalement différent de celui qui servait cette saison ?
Il y en aura quand même de belles différences. On va pousser le curseur sur la technologie mais je ne peux pas vous en dire plus, c'est vraiment un travail en cours. Plus que jamais, notre journal sera en avance sur son temps.

Un journaliste assis sur M6, ce n'est donc pas pour demain !
Ah non, on n'est pas près de s'asseoir ! Il y aura toujours du mouvement dans nos JT. Je ne vois d'ailleurs pas bien l'intérêt que cela aurait. La force de nos journaux, c'est d'être adaptés à la génération des moins de 45 ans qui sont, eux aussi, en mouvement.

Vous concevez vos journaux pour qu'ils soient consommés sur tablettes ou smartphones ?
Il ne faut pas se tromper. On fait un journal télévisé. Un JT se regarde rarement en replay, il faut être honnête. Après, encore une fois, il est adapté à ceux qui consomment aussi de l'information sur le web et les réseaux sociaux.

Vous regardez les évolutions apportées par vos concurrents ? Je pense notamment à la nouvelle version des JT de France 2 à la rentrée.
Ce sont des très beaux journaux mais ils ne correspondent pas à l'ADN de M6. Vous savez, quand nous avons lancé "Le 19.45", nous étions l'outsider. Aujourd'hui, on grimpe à plus de 25% sur les FRDA. Donc, je ne pense pas avoir besoin de regarder les journaux des autres. Par contre, je pense qu'ils nous regardent, eux !

C'est quand même un joli clin d'oeil que la journaliste qui a lancé "Le 12.50" en 2006 reprenne aujourd'hui les commandes du 20 Heures de France 2...
Comme quoi, nous ne nous étions pas trompés (sourire) ! Nous nous trompons rarement sur le choix de nos présentateurs. Regardez le succès d'Ophélie Meunier ! Elle s'est mise dans les chaussons du JT de manière spectaculaire. Elle correspond, comme tous nos présentateurs, à l'esprit de notre journal.

En début d'été, une rumeur avait évoqué le départ de Marie-Ange Casalta pour le groupe Canal+. Qu'en est-il ?
Elle fera les journaux chez nous cet été. Et si Marie-Ange devait nous quitter, je pense qu'elle me l'aurait dit. Ce n'est pas le cas.

Ophélie Meunier a toutes les capacités pour succéder à Xavier de Moulins Stéphane Gendarme

À terme, Ophélie Meunier sera amenée à succéder à Xavier de Moulins ?
Elle peut le faire mais aujourd'hui, nos titulaires sont bien à leur place et ce n'est pas d'actualité. Si Xavier veut faire autre chose un jour, je n'ai aucune hésitation à vous répondre qu'Ophélie a toutes les capacités pour lui succéder si cela doit arriver. Après, Ophélie présente "Zone interdite", c'est assez contraignant.

C'est donc bien le visage montant de l'information sur M6 ?
Attendez, elle est quand même arrivée l'année dernière juste après l'attentat du 14 juillet. Elle a trouvé le ton juste, elle a été bluffante. Ça a été un test grandeur nature. Tout le monde s'en serait passé vu le drame mais bien sûr qu'Ophélie au "19.45" est une vraie réussite.

Nathalie Renoux, qui était là à l'époque du "12.50", c'est votre valeur sûre ?
Elle est complète, Nathalie. C'est le symbole de la qualité journalistique sur un JT. Je ne regarde même pas les textes de Nathalie ! Il peut se passer n'importe quoi, Nathalie tiendra l'antenne. C'est arrivé malheureusement avec les attentats de Paris. Elle a pris l'antenne le lendemain du Bataclan pendant cinq heures. Elle était toute seule et à l'époque nous n'étions pas encore au point sur le breaking news. Franchement, avec Nathalie, je n'avais pas peur. Nous avons la chance d'avoir des journalistes qui tiennent la route.

Sur le breaking news, on sent que c'est quand même beaucoup moins dans votre ADN.
Cette année, on a fait quatre éditions spéciales lors des soirées électorales, comme les autres. Sur les attentats et événements dramatiques, notre job, c'est d'être le plus complet possible. Par contre, on ne cassera pas l'antenne si ça arrive à 1 heure du matin. Les gens ne nous attendent pas forcément là-dessus. Le lendemain, oui. Et là, on essaie d'être dans notre ADN en apportant de la pédagogie, un aspect didactique qui caractérise nos journaux et qui apporte plus de recul que les chaînes d'information.

Quand des événements d'actualité très forts se produisent, votre public est présent à 19h45 ?
Oui, les courbes le prouvent. À l'époque du "Six minutes", les gens venaient voir les titres chez nous et partaient ensuite sur les JT des autres chaînes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, ils restent. On l'avait vérifié dès 2011 avec Fukushima. Pourquoi ? Parce que nous savons aussi traiter ces sujets-là ! Il y a une légende urbaine qui dit : "M6 ne fait pas d'actualité étrangère". C'est n'importe quoi ! Nous sommes sur le terrain. Par exemple, nous avons été deux fois à Mossoul. Nous proposons des journaux aussi complets que les autres.

Est-ce qu'à terme, vous pourriez imaginer développer l'information télévisée sur les autres chaînes du groupe M6 ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour. Par contre, le digital compte énormément pour nous. Je pense que l'information digitale est fondamentale. Il y a une vraie place à prendre. C'est là que notre regard se porte. On a des projets et des envies dans ce domaine et on va poursuivre notre collaboration avec "Yahoo".

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