Elle était l'un des visages phare de la chaîne. En début d'après-midi, Stéphanie de Muru a accordé un entretien à LCI pour annoncer son départ de la chaîne RT France. Après douze ans sur l'antenne de BFMTV, la journaliste avait rejoint la chaîne d'information financée par l'Etat russe fin 2017. Depuis un peu moins de cinq ans, elle animait une quotidienne à 20h. Alors en vacances loin de France lors de l'invasion en Ukraine jeudi, la présentatrice a annoncé ce lundi faire jouer sa "clause de conscience". Une décision prise cinq jours après le début de l'offensive et surtout au lendemain de l'annonce par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, de sa volonté de bannir Russia Today de l'Union européenne.
"J'ai effectivement pris la décision de quitter cette chaîne. J'en ai fait part à ma présidente (Xenia Fedorova, ndlr). Je devais retourner ce soir présenter mon émission de décryptage. J'ai décidé de faire jouer ma clause de conscience aujourd'hui", a commencé par déclarer sur LCI Stéphanie de Muru, confiant avoir toujours eu "une relation de confiance" avec la dirigeante de RT France : "Elle a pris acte de ma décision. Je crois qu'elle l'a regrettée. Elle a dit aussi la comprendre et surtout, elle l'a respectée. La procédure administrative suivra son cours. Evidemment, il y a de la déception et certainement un sentiment de gâchis".
La journaliste a assuré qu'elle a "toujours été libre de faire son travail comme elle l'entendait", mais a expliqué que "l'intervention militaire russe a été la ligne rouge". "J'ai toujours dit que si un jour quelque chose me dérangeait et me gênait, j'en tirerais les conséquences. Aujourd'hui, j'en tire les conséquences. Une guerre, ce n'est pas anodin. J'ai toujours pensé que c'était plus que jamais important de donner tous les points de vue. Mais là, la guerre, c'est autre chose. Malheureusement, la voix de la Russie est devenue inaudible. La confiance a été rompue".
Par la suite, Stéphanie de Muru a accusé Ursula Von der Leyen de "mélanger Sputnik, RT UK, RT Germany et RT France" qui "ne sont pas du tout la même chose". "Elle dit vouloir empêcher de faire diffuser des mensonges. Sur ce point, je ne suis pas du tout d'accord. Vous imaginez avec la surveillance du CSA, maintenant l'Arcom, depuis des années, si on proférait des mensonges sur la chaîne, je pense qu'on nous aurait fermés depuis bien longtemps", a-t-elle indiqué. Et de poursuivre : "A RT France, je trouve que les journalistes font un travail le plus honnête qui soit. Ce sont des journalistes français qui ont à coeur de faire leur métier. Je leur apporte tout mon soutien sur ce point aujourd'hui".
"Je comprends que madame Von der Leyen veuille frapper avec des symboles forts. On est aujourd'hui dans l'émotion. Tout ça, c'est beaucoup de communication. Il faut aussi qu'il y ait des fondements juridiques. Ce sera à l'Arcom de décider si oui ou non la chaîne doit être fermée", a souligné la présentatrice. Et de conclure : "Je suis pour la liberté d'expression. Ce n'est pas une bonne solution de couper un média qui essaye de donner tous les points de vue". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.