Un nouveau Québécois sur M6. Ce soir, les téléspectateurs de la Six pourront découvrir les premiers pas en tant que juré de l'humoriste Sugar Sammy lors du lancement de la saison 13 de "La France a un incroyable talent", produite par Fremantle et présentée par David Ginola. Ainsi, le comique rejoint dans les rangs du jury Eric Antoine, Hélène Ségara et l'autre nouvelle Marianne James. A cette occasion, puremedias.com a échangé avec le nouveau trublion de "La France a un incroyable talent".
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Pourquoi avez-vous accepté de rejoindre "La France a un incroyable talent" ?
Sugar Sammy : Parce que déjà je jugeais les Français gratuitement, pourquoi ne pas être payé pour ? (rires) Probablement, ils m'ont recruté pour justifier le mot "incroyable" dans le titre (rires). Ils sont venus voir mon one-man-show. Ils m'ont proposé de faire quelque chose sur l'émission. Puis, ils m'ont proposé d'être juré. Après quelques discussions, ça s'est concrétisé.
"Avec Eric Antoine, ça aurait pu devenir très compétitif"
Comment s'est passée l'intégration dans ce jury ?
Ca a été très vite grâce à tout le monde. J'ai reçu un accueil très chaleureux de l'équipe, des producteurs et des copains aussi, Eric, David, Marianne, Hélène. On s'entend très bien. Pour moi, c'est un monde très nouveau. Ce genre de plateau, ce genre d'émission, je ne l'ai jamais fait. Mes coéquipiers m'ont vraiment soutenu. Ils ont aidé à me placer. Je me suis amélioré très vite. C'était vraiment nouveau cet apprentissage. Quelqu'un comme Eric est un super copain. On est allé dîner ensemble. Il me parlait souvent de l'émission. Il m'a donné des conseils : "Ecoute ça. Ajoute ceci. Le débrief, c'est important". Il me donnait des éléments-clés pour faire en sorte que je réussisse. Ca, cette générosité, ce n'est pas tout le monde qui l'a. Surtout qu'il est humoriste. Ca aurait pu devenir très compétitif. Mais c'est devenu très complémentaire. Son rire m'a manqué après le casting (rires). On a développé une très bonne amitié.
Connaissiez-vous les membres du jury avant de débuter l'émission ?
On se connaissait un peu avec Eric. Les autres, on ne se connaissait pas. On s'est rencontré vraiment pendant l'émission. Avec Eric, on a développé une amitié très forte. Avec les autres, on a aussi développé ça. Je trouve que c'était très naturel et facile.
"Quel serait mon intérêt de donner une plateforme à quelqu'un qui ne pourrait pas l'utiliser comme tremplin plus tard ?"
Regardiez-vous le format avant ?
Le format américain et britannique. Beaucoup. Je suis au Canada. La France, ça m'intéresse moyennement (rires). Je regardais souvent le format, car c'est le plus populaire au monde. Il y a des extraits qui passent partout sur internet de tous les "Got Talent" du monde entier. Puis, j'ai commencé à regarder le format français avant de monter sur le plateau. Juste pour me familiariser avec le plateau, le déroulement, le présentateur. Je voulais m'imprégner de cet esprit.
Avez-vous pris le rôle du méchant, auparavant tenu par Gilbert Rozon ?
Je ne sais pas si je vais définir mon rôle comme celui du méchant. Je suis resté fidèle à moi. J'ai ce regard de l'extérieur, un peu anglo-saxon, pragmatique, très logique, presque capitaliste. En regardant les candidats, je me demande si quelqu'un payerait pour aller voir ça. Quel serait mon intérêt de donner une plateforme à quelqu'un qui ne pourrait pas l'utiliser comme tremplin plus tard pour avoir une carrière ? Il faut se demander si les gens vont investir leur temps et leur argent pour aller voir tel candidat. Ensuite, est-ce qu'un producteur serait intéressé par ce candidat ? Moi, je m'auto-produis. Je produis mes spectacles au Canada et en France. Je pense avoir un regard très complémentaire au reste du jury. Je le vois d'une autre manière aussi, ce regard international. Quand je vois un talent entrer, je me demande si sur une plateforme internationale ça peut marcher ? Je vais chercher la touche internationale.
Vous a-t-on donné des consignes sur ce que vous avez le droit de dire à l'antenne ?
Jamais. On ne m'a jamais dit : "Dis ça, ne dis pas ça !". L'une des choses sur lesquelles on s'est mis d'accord, c'est que ce que je fais à la télé puisse coller à ce que je fais sur la scène. Donc, il fallait que ça soit moi, sans filtre, transgressif.
"Mon souhait est que d'autres humoristes se présentent"
Avez-vous été convaincu par le niveau des candidats ?
Ouais. Je trouve qu'on a au moins six à huit candidats qui peuvent gagner. On a vu du très haut niveau. Il y en a d'autres qui peuvent probablement, entre les auditions et les demi-finales, s'améliorer d'une manière à ce qu'ils atteignent un haut niveau. Ils pourront entrer en compétition avec les autres.
L'année dernière, Laura Laune, une humoriste, a remporté l'émission. Est-ce qu'un comique pourrait encore gagner cette saison ?
Pourquoi pas ? On ne se dit pas que l'année dernière, on avait déjà une humoriste, alors cette année, on ne peut pas. C'est le meilleur qui gagne. Peu importe la discipline. Si c'est quelqu'un qui nous bouleverse, il faut qu'il gagne. Mon souhait est que d'autres humoristes se présentent. Il faut que ça existe. Il faut que les humoristes se disent : "C'est une plateforme pour moi". Il y a tellement de bons humoristes dans ce pays qui montent et qu'on ne connaît pas. C'est une nouvelle génération, une nouvelle vague.
Le stand-up a sa place dans la compétition ?
Ouais. 100%. Je veux que d'autres "standupers" de qualité se présentent, surtout ceux qui se disent : "Ce n'est pas pour moi". Avec deux humoristes dans le jury, on légitimise le genre et on ouvre la porte.
"On a envie de faire d'autres projets avec Fremantle et M6"
Outre "La France a un incroyable talent", avez-vous d'autres projets avec M6 ?
On discute beaucoup avec Fremantle et M6. J'ai adoré travailler avec les deux. C'est une super belle première expérience. C'est rare de trouver des gens avec qui on aime travailler dans cette industrie. Quand tu en trouves, quand ça se passe, cette magie prend place. On a envie de faire d'autres projets.
En France, "La France a un incroyable talent" est une belle vitrine. Vous n'êtes pas encore connu ici. Ce sera aussi pour vous un tremplin et un moyen de conquérir un nouveau public.
Evidemment. On ne peut pas se le cacher. L'émission peut attirer 3,5 millions de téléspectateurs, ça peut monter jusqu'à 4,5 millions. La vitrine est là. Mais il faut que tu t'amuses, que ça colle à ce que tu fais. C'est très important que je puisse rester moi-même. Si c'était juste pour être connu et diluer ce que je fais, il n'y a aucun intérêt. Pour moi, c'est une très belle vitrine, mais c'est aussi un "match" parfait, comme on dit en anglais, dans un moment parfait.
De manière générale, que pensez-vous de la place de l'humour en France ?
Je m'intéresse beaucoup à cette nouvelle génération de "standupeurs" qui monte, qui bosse, qui écrit ses propres vannes. Je pense que c'est quelque chose que j'aime. Ca n'a pas toujours été le cas. Il y a une tradition de certains humoristes que j'aime beaucoup. Je pense que cette nouvelle génération va définir l'avenir de l'humour en France, en faisant les bons choix. Il faut qu'ils arrivent à se distancer de ce qu'il s'est fait avant. Ca peut devenir quelque chose de très respecté à l'international.
"Comme je viens de l'étranger, on dirait que vous me donnez plus la permission de parler de ces sujets qu'un humoriste qui serait né en France"
Ces dernières années en France, de nombreuses polémiques ont éclaté autour de certaines blagues. Un animateur, Tex, a d'ailleurs été viré du service public à cause de ça. Il y a eu des débats sur les limites de l'humour. Peut-on rire de tout, selon vous ?
Oui, je pense qu'on peut rire de tout. C'est Desproges qui avait dit ça, non ? Mais pas avec tout le monde, c'est ça ? Ca dépend juste de comment c'est écrit, comment c'est fait et le fond de tout ça. Tout est dans l'écriture. Il faut voir comment on bosse, comment c'est ficelé, comment c'est amené. Il faut une certaine finesse quand on bosse derrière, pour que ça ait l'air facile. Il faut que ce soit agréable pour le public.
Vous avez un humour assez trash. Vous n'avez pas peur d'aborder des thématiques comme l'immigration ou la religion ? Ce sont des sujets qui peuvent parfois crisper la société française. Cet humour pourrait être bien accueilli en France ?
Je pense que ça arrive de plus en plus. La preuve immédiate, c'est que dans mes spectacles, ça marche. Le public sort toujours satisfait. Ma salle a grandi fois six depuis que je suis ici. Je suis passé d'une salle de 100 personnes trois fois par semaine à une salle de 600, trois fois par semaine. Je pense qu'il y a un public qui est prêt pour ça, qui le demande et qui trouve ça intéressant. Comme je viens de l'étranger, on dirait que vous me donnez plus la permission de parler de ces sujets qu'un humoriste qui serait né en France.