Pierre Bergé s'est mis à dos la direction du journal "Le Monde" et ses journalistes. Après ses propos, mardi, sur l'antenne de RTL, le quotidien réagit ce soir en publiant deux communiqués dénonçant son "intrusion" dans la ligne éditoriale du journal. Le co-actionnaire du journal avec Matthieu Pigasse et Xavier Niel avait critiqué mardi soir la publication par le journal d'une liste de noms de fraudeurs fiscaux, dont celui de Gad Elmaleh (qui a régularisé sa situation depuis plusieurs années). "Est-ce le rôle d'un journal de jeter en pâture le nom des gens ? C'est du populisme. C'est fait pour flatter les pires instincts. Ce n'est pas pour ça que je leur ai permis d'acquérir leur indépendance. Ce sont des méthodes que je réprouve", avait-il lâché au micro de Marc-Olivier Fogiel.
Ce soir, la Société des Journalistes du quotidien a diffusé un communiqué accusant Pierre Bergé d'être "sorti de sa réserve". "Cela n'a pas empêché et n'empêchera pas les journalistes de travailler sereinement en toute indépendance et responsabilité. Nous condamnons avec force, comme les fois précédentes, cette intrusion dans le contenu éditorial. Le rôle des actionnaires est de définir la stratégie de l'entreprise, et non de tenter de peser sur le sens de l'information", dénonce la SDJ.
De son côté, la direction du journal "déplore" dans un communiqué "les attaques portées par Pierre Bergé contre les journalistes". "Le travail d'investigation, mené dans le respect des principes déontologiques, se trouve au coeur de la pratique journalistique telle que nous la concevons, poursuit le communiqué. Pierre Bergé ne partage visiblement pas cette conception." La direction renvoie Pierre Bergé à "la Charte d'éthique et de déontologie du groupe Le Monde, signée en 2010 par les actionnaires du groupe".