Un partenariat qui offre de nouvelles fonctionnalités. Invité de Célyne Baÿt-Darcourt sur la radio Franceinfo ce mercredi 28 mai 2024, Jérôme Fenoglio, directeur du "Monde", a annoncé avoir conclu un accord entre son quotidien et une entreprise d'intelligence artificielle, avec OpenAI, le créateur de ChatGPT. Il a détaillé les raisons de cet accord avec cette technologie innovante.
"Nous considérons qu'il faut défendre nos droits et défendre la valeur de ce que nous faisons, c'est-à-dire du journalisme indépendant, avec une rédaction qui a beaucoup grandi ces dernières années. Nous pensons qu'il ne faut pas laisser auprès de l'IA une chaise vide qui ferait qu'elle se fonderait uniquement sur des sites peu fiables pour alimenter leur moteur de recherche", a commencé le patron du quotidien du soir, qui veut "participer à ce développement-là en défendant nos droits", "en signant des contrats qui reconnaissent que ce que nous faisons a de la valeur et nous devons être payés de manière substantielle".
Il a précisé que sur "une partie de son activité", "pour l'actualité récente", ChatGPT peut "utiliser tous les articles du 'Monde' pour élaborer des réponses courtes qui renvoient sur des articles du 'Monde'" : "Ils nous citent hein ! C'est très important ! On a fait valoir un droit à la source. Ils ne nous pillent pas. ChatGPT s'appuie sur les informations les plus véridiques que nous essayons de publier tous les jours".
"Vous êtes en train de nourrir la bête. N'est-ce pas un risque que vous prenez ?", a indiqué Salhia Brakhlia, présente dans le studio. "Je pense que sur ChatGPT et les autres, l'intelligence artificielle aura beaucoup de mal à faire notre travail : le travail d'enquête, le travail de vérification, le travail de terrain tous les jours... Je demande à voir une IA sur le terrain en Ukraine et ailleurs", a répondu Jérôme Fenoglio. Et d'assurer : "Non, on ne nourrit pas la bête. On l'alimente avec de bonnes données, qui sont rémunérées et qui nous permettent à nous de faire du bon journalisme".
Par ailleurs, le directeur du journal a fait savoir qu'il pouvait "contracter avec d'autres entreprises qui font de l'intelligence artificielle". "Le Monde" se sert déjà d'outils d'IA qui ont "permis de développer un site en langue anglais" : "Nous n'aurions pas pu traduire chaque jour 50 articles en anglais si nous n'avions pas l'aide d'un logiciel dit d'intelligence artificielle générative qui fait passer en anglais ces textes et qui nous permet d'accroître notre visibilité".