La sanction tombe. Lors d'une décision prise en Assemblée plénière le 16 novembre et publiée ce vendredi, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a décidé de mettre en demeure C8 pour des séquences de "Touche pas à mon poste" au cours desquelles ont été évoqué le meurtre de Lola, survenu le 14 octobre dernier. Les séquences concernées ont eu lieu les 18, 19 et 24 octobre dernier.
Dans sa décision, le gendarme de l'audiovisuel a écrit : "Lors de l'émission du 18 octobre, l'animateur a exprimé à plusieurs reprises son opinion quant aux réponses pénales à apporter aux meurtres d'enfants. Il a notamment déclaré : 'Si on a toutes les preuves, pour moi (...) mais pour moi c'est, je vais te dire, perpétuité directe (...) Il n'y a pas d'altération, ni de non discernement (...) Je suis désolé pour moi, c'est le genre de cas où, fou ou pas fou, elle doit être en prison (...) Pour moi, il n'y a même pas de débat, c'est perpétuité'".
L'Arcom a relevé ensuite que lors du numéro de "TPMP" diffusé le lendemain, Cyril Hanouna a estimé que "pour ce genre de personne", "le procès devait se faire immédiatement" : "C'est procès immédiat, c'est en
quelques heures et terminé c'est perpétuité direct". "On n'en peut plus de ce laxisme juridique, et de ce qui se passe actuellement, ça va encore durer des mois et des mois, elle va avoir un avocat. Elle va pouvoir se défendre. Ils vont plaider l'irresponsabilité. Ça marche ou pas, et ça va recommencer (...) les lois ne sont pas adaptées à la société actuelle", a ajouté le présentateur de C8.
L'autorité de régulation a également remarqué des propos allant dans le même sens dans l'émission du 24 octobre. Elle a noté la présence de bandeaux déroulants, énonçant "Elle avait perdu la boule : affaire Lola, nouveaux éléments sur le profil psychologique de la présumée coupable" et "Nouveaux éléments sur le profil psychologique de la présumée coupable". De plus, l'Arcom a relevé les nombreuses fois où Cyril Hanouna a utilisé le terme "présumée coupable", toujours dans le cadre de l'affaire Lola.
Pour l'Arcom, "il en ressort (...) que le sujet a été abordé de manière largement univoque et sans prudence". "Des propos dépourvus de toute mesure concernant, entre autres, les conditions dans lesquelles le procès devait se tenir, la peine à infliger et le profil psychologique de la personne mise en examen ont été assénés à de nombreuses reprises, alors même que l'instruction judiciaire est en cours", a poursuivi le régulateur. Et d'ajouter : "Dès lors, et compte tenu du caractère répété et insistant des propos en cause, ces trois émissions traduisent un défaut de mesure dans l'évocation d'une procédure judiciaire criminelle en cours, dans le cadre, au surplus, d'un programme bénéficiant de larges audience".
Ainsi, pour un manquement à ses obligations "de traiter avec mesure une affaire judiciaire en cours et le respect de la présomption d'innocence" et à ses obligations "d'expression des différents points de vue sur une question prêtant à controverse", l'Arcom a décidé de mettre en demeure la société C8, éditrice de "Touche pas à mon poste" sur C8.