Du sang, du sang et encore du sang. L'U2R (Union des réalisatrices et réalisateurs), qui regroupe 130 réalisateurs et réalisatrices, a mené une vaste étude sur deux ans concernant "l'ensemble des films diffusés sur toutes les antennes" en 2020 et 2021, comme elle le précise en introduction. L'occasion pour le syndicat de pointer le manque de diversité des genres sur les antennes du service public. Selon leur constat, 85% des unitaires diffusés en première et en deuxième partie de soirée l'année dernière (80% en 2020) appartiennent au genre policier alors que ce pourcentage était de seulement 11% sur TF1 et même de 1% sur M6.
"Il est désespérant de faire année après année, le même constat et de voir la situation continuer de s'aggraver. Malgré un rapport sévère du CSA, la tendance se confirme et s'amplifie de manière caricaturale", déplore l'U2R, qui fait référence à un rapport de 2019 du gendarme de l'audiovisuel désormais connu sous le nom d'ARCOM. Pour le syndicat des réalisatrices et réalisateurs, une des explications de ce manque de diversité chez France Télévisions s'expliquerait par la mise en place d'une direction de la fiction commune à toutes les chaînes, qui est actuellement dirigée par Anne Holmes.
Interrogé par l'AFP, Laurent Jaoui, président de l'U2R, déplore : "Quand on demande pourquoi privilégier le polar, on nous répond : 'C'est simple à faire, moins cher et les gens en demandent toujours'". Il poursuit : "Le polar a contaminé les autres genres. Même quand on fait une série sur les speakerines, sur un orchestre philharmonique ou une équipe de basket féminin, on demande qu'il y ait un meurtre".
Et son étude de mettre en garde : "Tant que nous n'aurons pas une pluralité de guichets pour l'accueil des projets, nous aurons le risque que le goût d'un seul s'impose à tous. Dans le cas d'une télévision de service public, est-ce acceptable ?".
Si le syndicat tire à boulets rouges sur le manque de diversité des registres traités, il reconnaît cependant qu'il y a du mieux dans le service public en matière de parité depuis que la présidente actuelle Delphine Ernotte a imposé des quotas de réalisatrices. "Nous constatons avec plaisir que cette politique volontariste a porté ses fruits, et que dans le combat pour la parité notre service public audiovisuel se comporte de manière exemplaire", peut-on lire. En 2021 sur France Télévisions, 70% des unitaires ont été réalisés par des hommes, contre 30% par des femmes. A titre de comparaison, elles n'ont été que 8% à passer derrière la caméra la même année sur TF1.