Le site de l'hebdomadaire "Les Inrocks" publie aujourd'hui une vidéo illustrant les dérives des services de sécurité de la mairie de Montreuil. Dans celle-ci, on peut voir un jeune homme molesté et insulté par des agents de surveillance de la voie publique (ASVP) employés par la ville de Seine-Saint-Denis.
La scène se passe devant le Palais des Congrès de Montreuil dimanche 19 mai vers 2 heures du matin. Mikaël Lefrançois, un journaliste travaillant pour la société de production télé TSVP (qui produit notamment des reportages pour "Zone interdite"), se rend, à titre privé et avec un ami, à un concert électro. Problème: le Palais des Congrès où a lieu l'évènement affiche complet et les deux hommes ne peuvent pas rentrer. Alors qu'il fait le pied de grue devant l'édifice, Mikaël Lefrançois aperçoit à proximité des ASVP, ces agents de la "Tranquillité publique" embauchés par les municipalités principalement pour dresser des PV de stationnement. Parmi eux, le journaliste reconnaît Denis Hochard, leur directeur à Montreuil, sur lequel il mène une enquête pour la chaîne M6. Denis Hochard et son équipe sont en effet soupçonnés de multiplier les dérapages sur la voie publique.
Constatant que certains ASVP ont à leurs ceintures des bombes lacrymogènes alors qu'ils ne sont pas habilités à en porter, le journaliste décide de prendre des photos d'eux avec son téléphone portable. Denis Hochard repère vite la manoeuvre et lui reclame immédiatement d'effacer les clichés. Devant le refus du jeune homme, le ton monte, comme on le voit dans la première partie de la vidéo. Le journaliste sera finalement mis à terre et son téléphone confisqué par les ASVP, aidés en cela par des policiers municipaux arrivés en renfort.
On peut aussi voir, dans la deuxième partie de la vidéo, que Denis Hochard exige ensuite le code de dévérouillage du téléphone. Alors que le journaliste ne s'exécute pas et continue à remettre en cause les méthodes des agents, Hochard lui lance : "Non mais ta gueule, je vais te démonter ta gueule" puis, à plusieurs reprises, "Casse-toi, je vais te démonter ta gueule". Le journaliste demande alors qu'on lui rende son téléphone. Hochard lui répond alors : "Tu vas te le mettre dans ton cul ton appareil!". Le chef de la Tranquillité publique de Montreuil finira par obtenir le code de dévérouillage et effacera les photos prises par le journaliste.
Deux jours plus tard, Mikaël Lefrançois se voit prescrire trois jours d'ITT pour une hémorragie à l'oeil droit. Il décide de porter plainte pour "violences aggravées" contre Denis Hochard. Suite à une dépêche de l'AFP sur le fait divers, Denis Hochard a été suspendu de ses fonctions par la mairie de Montreuil. Cette dernière a ouvert une enquête administrative tandis que le parquet de Bobigny ouvre lui-aussi une enquête. La version donnée par les ASVP diffère radicalement de celle du journaliste. Denis Hochard affirme avoir été invectivé par le journaliste aux cris de "facho", "milice" et "mort aux vaches". Les autres agents municipaux expliquent également être intervenus car ils auraient senti leur patron menacé par le jeune homme, présenté comme "dans un état second" lors de l'altercation. Ils nient avoir frappé le journaliste et expliquent l'avoir uniquement maîtrisé au sol.
Confrontée récemment à ces images par un journaliste des "Inrocks", la maire écologiste de Montreuil, Dominique Voynet, a affirmé que cette vidéo "appelle des sanctions" et rappelle que Denis Hochard a depuis été mis à pied pour "faute professionnelle grave". Dominique Voynet confie aussi que cette affaire la "mortifie" et la "scandalise" annonçant par la même occasion vouloir "mettre un terme aux irrégularités mises en évidence à cette occasion dans le fonctionnement du service".