Des informations qui n'avaient pas à être dévoilées. Hier, Thierry Devige, tête de liste Rassemblement national aux municipales de Champigny-sur-Marne, a publié sur Twitter des coordonnées de journalistes de "Quotidien", mais également de dirigeants du groupe TF1. Dans son tweet, il a expliqué qu'il dévoilait "les coordonnées professionnelles de ces délinquants", en représailles au conflit qui oppose l'émission de TMC au journal "Valeurs actuelles".
Pour rappel, jeudi, "Valeurs actuelles" a réalisé un dossier d'une dizaine de pages pour critiquer l'émission "Quotidien" sur TMC. L'hebdomadaire a également consacré sa Une à Yann Barthès, le présentateur du programme, en le qualifiant de "Tyran des bien-pensants". Découvrant ce dossier avant sa sortie en kiosques, les équipes de "Quotidien" ont décidé mercredi de donner gratuitement le PDF du journal à leurs abonnés sur les réseaux sociaux, incitant à ne pas acheter l'hebdomadaire droitier. Plus tard dans la journée, les liens permettant de télécharger le magazine ont été supprimés. "Quotidien" s'est ensuite payé "Valeurs actuelles" dans son émission de mercredi.
De son côté, le journal a dénoncé la méthode de l'émission et a annoncé jeudi dans la soirée "la procédure judiciaire qu'entend engager la société Valmonde, éditeur de l'hebdomadaire", qui "fait suite à la grave atteinte aux droits d'auteurs commise par l'émission". Ainsi, la société de presse a "mis en demeure", "par l'intermédiaire de ses avocats", "la société productrice de 'Quotidien' (Bangumi, ndlr) et M. Yann Barthès de retirer immédiatement le dossier uploadé, de cesser tout comportement de nature à faciliter la diffusion du dossier, notamment sur les réseaux sociaux et l'informe officiellement des procédures judiciaires qu'elle initie".
En soutien à "Valeurs actuelles", Thierry Devige a ainsi publié les coordonnées professionnelles des membres de "Quotidien". Ainsi, pendant plusieurs heures, les internautes avaient accès aux adresses mails des journalistes de l'émission, ainsi que de certains numéros fixes. Un numéro de téléphone portable a aussi été révélé : il s'agit de celui d'Azzedine Ahmed Chaouch. Selon nos informations, le journaliste a reçu plusieurs appels anonymes après la publication du tweet. Par ailleurs, les numéros et adresses mails de Tatiana Silva, Martin Weill et des dirigeants Ara Aprikian et Gilles Pélisson ont également été publiés. Le membre du RN a donc incité ses abonnés à harceler et "pourrir" les membres de "Quotidien". D'un point de vue législatif, le harcèlement en ligne est un délit passible de deux ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Twitter a finalement fait supprimer le tweet hier en fin de journée. Contacté par "Capital", Thierry Devige a expliqué avoir supprimé son message dès que le réseau social le lui a demandé. "Les coordonnées que j'ai partagées sont disponibles publiquement sur Cision (base de données payante, ndlr)", a déclaré le candidat RN, pour qui son acte n'a rien de répréhensible. Et de conclure : "Pour moi, c'est la réponse du berger à la bergère, rien de plus...".