Les salariés de France Télévisions au bord de la crise de nerfs ? C'est du moins ce que semble indiquer un rapport dévoilé hier par l'Express. L'hebdomadaire qui se l'est procuré précise qu'il a été réalisé par un cabinet d'audit indépendant, Emergences, à la demande du Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (le CHSCT) du groupe audiovisuel. Remis en mars dernier aux syndicats et à la direction de France Télévisions, il avait pour but initial de mesurer les conséquences du plan de départs volontaires actuellement en discussion au sein de l'entreprise publique. Il a surtout permis de faire un état des lieux du climat social régnant dans l'entreprise. A en croire L'Express, ce dernier serait particulièrement inquiétant.
Selon ce rapport, les salariés de France Télévisions sont particulièrement déboussolés par les réorganisations successives subie par le groupe. "Force est de constater qu'il y a unanimité des agents de France Télévisions sur la mauvaise ambiance qui règne partout dans l'entreprise" écrivent ainsi les rédacteurs du rapport cités par L'Express. "Les agents sont en attente de réponses à leurs questions que ce soit sur leur situation professionnelle, sur l'avenir de leur métier ou sur les choix stratégiques de l'entreprise. Cela engendre une perte de confiance vis à vis de la direction, une insécurité et l'incapacité de s'engager dans un projet fédérateur, mobilisant les énergies et les compétences" analyse le document après avoir réalisé une série d'entretiens avec des salariés du groupe audiovisuel en octobre dernier.
Le document constate ainsi une "dégradation actuelle des conditions de travail" susceptible de mettre en danger l'équilibre psychologique et la santé de certains salariés. "Les rapports de la médecine du Travail évoquent de manière récurrente sur l'ensemble des sites et ce depuis des années : des difficultés des salariés à trouver leur place dans les réorganisations successives, des relations de travail conflictuelles, des missions pas toujours bien définies, un manque de communication et de transversalité, des surcharges de travail générant des souffrances psychologiques, un sentiment d'iniquité et un manque de reconnaissance, des situations de très mauvaise santé aggravées par des facteurs liés à l'organisation du travail et à la planification" relatent ainsi les auteurs du rapport.
Ces derniers évoquent de possibles impacts sur la santé des salariés : "Les services de santé au travail indiquent dans leurs différents rapports annuels des situations d'arrêt de longue durée, ainsi que des AVC, que certains représentants du personnel n'hésitent pas à relier à des 'pressions, des mauvais traitements ou des conditions de travail stressantes avant leurs arrêts-maladies'. Les collaborateurs rencontrés confirment ce sentiment et font le parallèle de manière quasi-systématique entre les conditions de travail et les problèmes de santé rencontrés par eux-mêmes ou leurs collègues et notamment les AVC" estiment les rapporteurs.
Ce diagnostic inquiétant ne va pas faciliter la mise en oeuvre du nouveau plan de départs annoncé par la direction. Ce dernier doit permettre de supprimer à terme 361 postes sur les 10.490 employés (dont 8.500 permanents) que l'entreprise comptait fin 2012. L'objectif de la direction est de réaliser des économies sur la masse salariale du groupe dans un contexte particulièrement tendu de restrictions budgétaires.