Lundi prochain sortira "Plusieurs lunes", le nouvel album studio de Véronique Sanson, un disque aussi étonnant qu'éclectique, où des titres salsa côtoient des ballades et des chansons en anglais. Plutôt rare en promo, l'artiste s'est confiée à Ozap lors d'un long entretien. La musique, les hommes, la politique, et... sa chanson "scato" face à Jean-François Copé, Véronique Sanson répond sans détours. Entretien.
Ozap : Comment se passe votre promo... Faites-vous attention aux médias à qui vous parlez, à quels supports... Vous n'allez pas n'importe où ?
Véronique Sanson : Ça dépend des horaires ! Si on me demande d'être quelque part à 9h du matin, ça m'oblige à dormir à Paris et là, en fait, ma seule réponse est... « Non » !
A la télévision, il y a des talk-shows comme celui de Laurent Ruquier où les invités sont parfois malmenés. Vous dites-vous que vous ne souhaitez pas participer à ce jeu ?
Ah si, si, si, absolument ! Je n'ai tellement rien à cacher et tout à défendre et si on demande « Pourquoi avez-vous dit ça ? », je réponds « Parce que ! ». Je suis toujours sincère et honnête, ce qui est très déroutant pour les gens qui vous agressent (rires).
Mais dans ce genre d'émissions, on peut vous agresser, non pas sur ce que vous avez pu dire mais sur votre musique avec des critiques violentes de la part de gens qui ne sont pas musiciens...
(Elle interrompt) Vous savez, ma maman me disait toujours « On n'a pas besoin d'être une poule pour savoir apprécier un oeuf » ! Tout le monde a le droit de ne pas aimer mais moi, je ne peux pas expliquer pourquoi ils n'aiment pas.
Tout dépend de la façon de le dire. C'est de bon ton aujourd'hui dans les médias d'être assez rentre-dedans. On imagine très bien un chroniqueur de Ruquier dire « Votre disque est mauvais » en étant agressif.
Oui, c'est vrai, mais on n'est pas tellement agressif avec moi. Je crois que c'est parce que je n'ai jamais été « modarde ». Je n'ai jamais suivi de mode, j'ai suivi mon mode à moi. Si ça plait... Franchement, je ne suis pas angoissée, je suis très sereine. J'ai fait ce disque en toute confiance, en toute sérénité. Et maintenant, la balle n'est plus dans mon camp, voilà.
Il y a un peu de tout dans ce disque : des ballades comme on aime chez vous, un peu de salsa, des titres en anglais et même un morceau instrumental... Ce disque est hors des formats qu'on connaît aujourd'hui. C'est quand même un disque pour vous faire plaisir, non ?
Ça ne gêne personne. Si un disque est éclectique, ça veut dire qu'il y a plein de petites facettes de moi qui apparaissent. Il y a des chansons en anglais, très bien. Il y a maintenant des groupes français qui chantent en anglais alors qu'avant, c'était absolument interdit. Je me souviens qu'on m'a boycotté une chanson géniale... Enfin, je me cire pas les pompes ! Elle s'appelait "How many lies". C'était il y a très longtemps, je ne pense pas que vous étiez né.
Qui sait !
(Elle me regarde) Franchement, je ne pense pas ! On m'a boycotté cette chanson comme ça alors qu'aujourd'hui, tous les Français chantent en anglais et les Anglais chantent en français, avec un petit accent.
Que vous a dit votre maison de disques quand vous leur avez proposé un album si varié ?
Ma maison de disques a assez de respect pour moi pour ne pas écouter ce que je fais, ne pas commenter ce que je suis en train de faire, et me laisser carte blanche. Enfin quand même, il ne manquerait plus que ça ! Ça fait quand même des années que je suis dans la même maison de disques et franchement, tout le monde me fout la paix. Après, je livre tout le disque et, en général, ils sont fiers et contents. Tout le monde me fout la paix et personne ne l'a jamais fait d'ailleurs. A aucun moment de ma vie, je ne me suis laissée faire par quelqu'un d'une maison de disques pour plaire aux formats des radios ou autre. Écoutez... si ça ne marche pas, ça ne marche pas et si ça marche, tant mieux.
Le premier single est donc "Qu'on me pardonne". J'ai lu les interviews que vous avez déjà pu donner. Franchement, ça ne vous a pas fatiguée qu'on vous répète sans cesse "Alors, c'est la chanson que Johnny a refusée".
Bien sûr que oui. Quelqu'un a dit ça à un moment donné et la rumeur a fait boule de neige. Je sais que ma sœur l'a écrite pour moi. C'était évident et je pense qu'elle n'a pas vraiment osé me la proposer et elle m'a dit "Ah, pour Johnny, ce serait bien". Et c'est vrai que ça aurait été bien pour lui parce que c'est vraiment son style, et il aurait pu la chanter comme je la chante. Lui l'aurait plus hurlée que moi mais en tout cas, je me sens très près de Johnny dans la solitude... En tout cas, elle l'a écrite pour moi et c'est vrai que ça m'énerve qu'on dise qu'elle l'a écrite pour Johnny alors que ce n'est pas vrai du tout. Elle a pensé à moi.
Violaine, votre sœur, a écrit le texte, pourtant on pourrait croire à une chanson autobiographique quand vous la chantez. Le texte est très proche de ce que vous êtes, c'est peut-être pour cela qu'elle n'osait pas vous la présenter ?
Non parce que ma sœur et moi, on est tellement fusionnelles. Elle a quand même une certaine pudeur et elle a commencé par me dire « C'est bien pour Johnny » et je lui ai dit « C'est génial pour Johnny ! ». Mais parce qu'elle ne m'a pas dit « C'est pour toi ma vieille ! ». Après, les choses se sont faites dans des circonstances naturelles et voilà.
Vous chantez donc « Qu'on me pardonne ou qu'on m'oublie mais qu'on me prenne comme je suis ». Vous aimeriez qu'on vous pardonne de quoi ?
Demandez-lui ! C'est elle qui l'a écrite.
Oui mais vous la portez et quand on écoute la chanson, c'est quand même très fort...
D'accord mais c'est elle qui l'a écrite. On me demande toujours pour « Qu'on me pardonne », mais demandez à ma soeur. Elle l'a écrite car elle me voit comme ça, elle me perçoit comme quelqu'un de fragile et comme quelqu'un d'immensément fort.
Et l'oubli évoqué aussi dans le titre. La postérité, c'est quelque chose qui vous travaille ?
Ça ne me travaille pas, je sais qu'on ne m'oubliera jamais. Je le sais. Je sais que des gens ne m'oublieront jamais, d'autres peut-être oui, mais ça ne fait rien. Quand on a fait tant d'années et tant d'années de compositions, de chansons qui parlent de la vie des gens, de leurs problèmes... C'est toujours un petit peu émotionnel.
Dans ce disque, il y a aussi un titre où vous chantez « Je veux être un homme mais je suis femme à vie ». Avant de vous rencontrer, je trouvais que vous aviez un côté garçon manqué sur scène alors que là, en face de moi, on n'y pense pas...
Mais sur scène bien sûr mais je ne suis pas un garçon manqué, je suis juste « quelqu'un » sur scène. Il y a des tonnes de femmes qui sont comme moi sur scène. Il ne suffit pas d'être comme Johnny, d'écarter les jambes et de hurler. C'est simplement une certaine violence parce qu'on la ressent. J'ai fait cette chanson parce que j'aimerais bien être un homme pendant, par exemple, quinze jours.
Juste pour voir !
Oui, pour voir plein de trucs ! Comment on est accueilli quand on est un homme, sexuellement aussi parce que nous ne saurons jamais. De voir aussi quelles sont leurs contraintes... Quinze jours, ce n'est peut-être pas assez, disons un mois !
C'est aussi pour mieux comprendre ceux que vous avez rencontrés. C'est un cliché mais quand on parle de Véronique Sanson, on vous définit aussi par rapport aux hommes que vous avez connus et aux soucis que vous avez pu avoir. Vous avez aussi envie d'être un homme pour mieux comprendre votre histoire et comment ça s'est passé avec eux ?
Oh non, je n'en viens pas là, c'est juste pour être un homme. Ça m'est égal ce qu'ils m'ont fait et ça m'est égal ce que je leur ai fait car, ça, personne n'en parle jamais (rires). Les hommes sont très cruels et peuvent être tellement merveilleux. Il y a une petite pointe de cruauté, comme chez nous les femmes. C'est pour ça que je veux être femme à vie, finalement, parce que je suis habituée (rires).
Si vous étiez née homme, vous diriez peut-être que vous voulez rester un homme !
Oui, peut-être et quelqu'un dirait, (elle chante) « Je veux être une femme, juste une fois dans ma vie »...
Voilà, il faut écrire le pendant masculin de votre chanson. Pour Johnny par exemple. On a notre chanson pour Johnny !
Très bonne idée !
Mais, au sujet de ces hommes, vous êtes une personnalité médiatique donc tout le monde peut lire les déclarations des hommes que vous avez pu connaitre.
Lesquelles ?
Je pense à Pierre Palmade, il y a quelques jours dans le Journal du Dimanche.
Qu'est-ce qu'il a dit ?
Il a dit « J'ai longtemps refusé ma nature en me forçant à jouer les hétéros ». Ce n'est pas très agréable...
Je n'ai pas tellement envie de parler de ça mais je vous l'explique. Je pense qu'il a toujours refusé son homosexualité qu'il montre en ce moment depuis six-sept ans, et qu'il accepte, et qu'il assume, voilà. Nous, c'était une véritable histoire d'amour. Je le sais et il le sait aussi, next.
Je reviens sur les relations hommes/femmes, pas dans votre vie privée mais dans le métier. On a l'impression qu'on pardonne aux artistes masculins leurs excès, leurs colères, beaucoup moins aux femmes. Vous l'avez vécu comme ça ?
On ne pardonne rien aux femmes, le fait qu'elles vieillissent... Par exemple, si un type de 65 balais est avec une fille de 22 ans, tout le monde trouve ça normal, alors que le contraire... Les femmes sont toujours vilipendées. Si une femme fait des excès, on trouve que c'est une pochetronne, une ivrogne... Si un type fait la même chose, on dira que c'est un bon vivant alors que c'est un bon mourant ! Nous, on ne nous pardonne pas grand chose. Les femmes sont toujours stigmatisées. Dans cet album, j'ai écrit "Vols d'horizons" qui parle de l'excision, de la burqua, de choses terribles pour les femmes. Exciser une femme, pourquoi ? C'est la raison qui me dépasse : c'est pour qu'elle n'ait jamais de plaisir pour qu'elles soient des femmes respectables. Elle ne s'éclate pas du tout sexuellement... En plus, c'est une mutilation, c'est barbare. Je comprends aussi que ça fasse partie de leurs traditions mais, par exemple, un mari qui fait l'amour à sa femme et qui sait très bien qu'elle ne prend pas de plaisir, est-ce que ça lui fait plaisir à lui ?
On a l'impression que les chansons plus engagées reviennent dans la variété. On parle beaucoup du titre de Raphaël sur la France par exemple. Ca vous réjouit de voir les artistes s'engager à nouveau ?
Ils s'étaient un peu calmés parce qu'il n'y avaient tous ces problèmes sociologiques comme les retraites où là, ça va vraiment péter. J'en suis sûre. Ça s'est toujours passé comme ça mais, grâce aux médias, on connait désormais plus les injustices dans le pays. Il y avait auparavant un muselage effrayant de la presse. C'est moins le cas aujourd'hui mais ce n'est pas non plus terrible et c'est pour ça que les gens vont dans la rue. Là, on est au courant, au moins.
Quand vous voyez d'autres artistes comme Gérard Depardieu dire que la grève actuelle est ridicule. Ca vous choque ?
Il est complètement con. Il ne se rend compte de rien ou quoi ? Je n'aime pas ce que dit Depardieu sur les actrices, les acteurs. Je ne sais pas ce qui se passe dans sa tête mais il faut qu'il soit quand même un petit peu lucide, et qu'il connaisse un peu ses dossiers.
On parle beaucoup d'Eddy Mitchell qui annonce partir faire sa dernière tournée. Déjà, vous le croyez ?
Je ne sais pas ! Avec lui, on ne sait pas. Je le connais un petit peu et je l'adore parce que c'est un type extraordinaire, un merveilleux acteur et chanteur. Quand il dit ça, je pense qu'il n'y croit qu'à moitié, ou alors il baisse les bras, mais ce n'est pas son genre. Peut-être qu'il fera un petit concert tout seul mais de le voir abandonner... S'il m'entend : « Eddy, n'abandonne jamais, ne baisse jamais les bras ».
Vous ne pourriez pas dire « J'arrête la scène » ?
Non, jamais. C'est ce qui me fait vivre, moralement, mentalement. Ça me fait plaisir, ça me fait plaisir de faire plaisir aux gens. Je ne peux pas m'arrêter, bien que je sois toujours terrorisée quand je n'en ai pas fait depuis deux ans. Et ne me dites pas que c'est comme le vélo ! On m'a dit ça et je suis montée sur un vélo, et je me suis cassée la gueule ! C'est plus facile de faire une scène que de faire du vélo (rires).
Sur Ozap, on a beaucoup parlé de votre concert à Meaux, en 2009, avec Jean-François Copé (lire notre brève).
Mais oui !
Qu'est-ce qui s'est passé Véronique Sanson ?
Il ne s'est rien passé que Jean-François n'ait su. Je me souviens qu'on avait fait cette chanson avec Maurane et Peter Lorne, son choriste. On est tous les trois archi-rigolards. On avait composé cette chanson et je pense que Jean-François l'a entendue un jour. Il s'est beaucoup marré et quand il est venu sur scène, je me suis dit que j'allais lui faire le coup pour voir s'il s'en souvenait. Pour la caméra, il avait l'air très choqué alors qu'il ne l'était pas, surtout lui qui est vraiment le type le plus cool du monde. J'aimerais bien l'avoir comme premier ministre.
Le poste est libre parait-il en ce moment.
Je sais et des gens bien comme lui, c'est formidable. Le lendemain du concert, il m'a envoyé un texto où il me disait « Véro, ça m'a fait tellement plaisir ». Il n'est pas fâché et pourquoi j'aurais fait ça ? Pour le diminuer ? Ça ne l'aurait jamais diminué, c'est moi que je diminuais.
Mais justement, on vous est tombé dessus après en se disant « Mais qu'est-ce qui lui arrive ? ».
Ca me faisait marrer et je voulais le faire marrer aussi parce qu'il connaissait cette chanson ! Je voulais le faire rigoler. Evidemment, il a un statut à tenir et une chanson comme ça, c'est quand même assez hard.
Je reviens sur vous, beaucoup de gens se sont quand même dit que vous étiez complètement dingue !
Mais je l'ai chantée cent mille fois sur scène et les gens étaient tordus de rire ! Je l'ai chantée au moins trente fois en cinq ans parce que l'humeur me vient de la chanter. Ca dépend du public, des réactions de la salle sur les autres chansons. On sent qu'ils sont prêts à accepter une chanson complètement pourrie et complètement ridicule et scatologique.
C'est pour se marrer.
Mais c'était pour rigoler franchement ! Ce n'était pas pour le mettre dans une situation déplaisante.
La scatologie me fait une bonne transition. Connaissez-vous René La Taupe ?
(Elle chantonne en se frottant le ventre comme dans le clip) Gros, gros gros... C'est ça ?
C'est un record de ventes de singles en France depuis ces deux dernières années. Quand vous voyez ça, que pensez-vous de la santé de l'industrie du disque ?
Mais je me dis que les gens ont envie de rigoler ! C'est tout. Moi, je ne suis pas sectaire. A part certains rappeurs qui chantent des trucs contre les homosexuels.
Sexion d'Assaut donc.
Oui, ça, ça ne me plait pas du tout alors que j'adore le rap. Certains font des choses extraordinaires mais chanter ça, c'est ridicule. En plus, j'ai lu qu'ils ne savaient même pas ce que ça voulait dire. Alors, un petit peu d'éducation et ça ira. Si on laisse faire ça, c'est simplement racoleur, c'est pour qu'on en parle, c'est tout.
Faites un duo avec un rappeur !
Je suis très mauvaise en rap mais j'apprendrai. Je ne suis contre rien et je suis totalement ouverte à toute forme de musique.
Musique
Véronique Sanson : "Je sais qu'on ne m'oubliera jamais"
Publié le 19 octobre 2010 à 14:36
A quelques jours de sa sortie, elle évoque son nouvel album et revient sur certains moments marquants de sa vie et de sa carrière : Pierre Palmade, la politique, sa chanson grivoise avec Jean-François Copé...
Véronique Sanson© Warner
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Véronique Sanson
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