Vincent Bolloré à Canal+ : RSF et un collectif dénoncent "l'ingérence" et interpellent le CSA
Publié le 23 septembre 2015 à 13:29
Par Julien Bellver
Dans une lettre ouverte, Reporters sans Frontières et le collectif "Informer n'est pas un délit" estiment que "le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné" par Vincent Bolloré.
Vincent Bolloré sera auditionné par le CSA jeudi. Vincent Bolloré sera auditionné par le CSA jeudi.© Abaca
La suite après la publicité

Demain, Vincent Bolloré sera face aux Sages du CSA pour sa première audition en tant que nouveau patron de Canal+. Officiellement ce n'est pas une convocation. Mais nul doute que les gendarmes du PAF ont beaucoup de questions à poser au nouveau patron du groupe Vivendi qui a décidé depuis l'été de se mêler en détails des affaires de sa filiale, Canal+.

Licenciements en série, interventions éditoriales sur les programmes humoristiques comme sur les documentaires politiques, changement de noms de chaînes, nominations surprenantes, nouvelle stratégie économique du groupe et audiences en berne : tous les changements opérés sans ménagement par le nouveau patron ont créé de vives tensions dans le groupe.

Ingérence

A cette occasion, Reporters sans Frontières et le collectif "Informer n'est pas un délit " adressent une lettre ouverte à l'institution, estimant que "le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné" par Vincent Bolloré. La lettre dénonce "l'ingérence" de l'homme d'affaires breton dans la ligne éditoriale de Canal+ et demande au CSA des réponses à des "questions essentielles". Le collectif et RSF réclament "une charte d'indépendance" et une "fermeté" du CSA sur ces sujets.

Parmi les signataires, de nombreux journalistes comme Fabrice Arfi de Mediapart, Elice Lucet de France 2, Karim Rissouli ex-Canal+ et des Société De Journalistes (SDJ) de grands médias comme Le Parisien/Aujourd'hui en France, RTL, France 2, Les Echos ou la société de productions "Premières Lignes" (Cash Investigation).

L'intégralité de la lettre ouverte

Nous, membres du collectif "Informer n'est pas un délit" et RSF interpellons le CSA parce que nous estimons que le principe d'indépendance éditoriale des médias, pilier de notre démocratie, a été, à de multiples reprises, piétiné par l'actionnaire principal du Groupe Canal +, Vincent Bolloré. Le CSA, qui a le pouvoir de protéger cette indépendance, auditionne Vincent Bolloré ce jeudi 24 septembre. Face à l'ingérence de l'actionnaire dans la ligne éditoriale des chaînes du Groupe Canal +, il est du devoir du CSA de demander des réponses aux questions essentielles suivantes :

1. Pourquoi un documentaire consacré au Crédit Mutuel et programmé par Canal + le 18 mai 2015 a-t-il été censuré ?

2. Pourquoi un documentaire inédit sur François Hollande et Nicolas Sarkozy programmé par Canal + le 28 septembre 2015 vient il d'être déprogrammé sans motif, et ce, au profit d'un film déjà diffusé?

3. Pourquoi un projet de documentaire sur la BNP Paribas, accepté par le comité d'investigation de Canal +, est-il actuellement "gelé" sur ordre de la direction de Canal +?

4. Comment justifier qu'un reportage sur l'OM, diffusé sur Canal +, ait été retiré du site internet, au motif qu' "on ne se fâche pas avec ses partenaires" selon les propos tenus par Vincent Bolloré le 3 septembre dernier lors du comité d'entreprise?

5. Lors d'une réunion des délégués du personnel du 16 septembre, un membre de la direction, questionné sur les documentaires déprogrammés, a déclaré : "La direction tient avant tout à défendre les intérêts du Groupe Canal + et estime qu'il est donc préférable d'éviter certaines attaques frontales ou polémiques, à l'encontre de partenaires contractuels actuels ou futurs".

Allez vous vous servir de Canal + pour protéger les intérêts de vos "partenaires contractuels actuels ou futurs" ? Les intérêts de votre groupe sont-ils compatibles avec le respect de l'indépendance éditoriale d'un média ?

Les intérêts du Groupe Bolloré touchant de nombreux secteurs, notamment en Afrique, un journaliste de Canal + ou d'iTELE pourrait-t-il, par exemple, travailler en toute indépendance sur la prochaine élection présidentielle ivoirienne ou sur les conditions de travail dans les plantations contrôlées par la holding luxembourgeoise Socfin dont Vincent Bolloré est actionnaire ?

En 2002, sur demande du CSA, Jean-Marie Messier, alors actionnaire de Canal + avait accepté qu'une Charte garantissant l'indépendance éditoriale des chaînes du Groupe soit annexée à la convention de Canal +. Aujourd'hui, nous demandons le même engagement à Vincent Bolloré et la même fermeté de la part du CSA.

Mots clés
Tendances
Toutes les personnalités
Sur le même thème
"Je n'ai pas l'impression d'enfreindre une ligne morale" : Antoine de Caunes assume sa fidélité à Canal+ malgré l'arrivée de Vincent Bolloré play_circle
TV
"Je n'ai pas l'impression d'enfreindre une ligne morale" : Antoine de Caunes assume sa fidélité à Canal+ malgré l'arrivée de Vincent Bolloré
29 octobre 2024
"Il faut que l'on arrive à le secouer" : Comment "l'exigeant" Kev Adams a poussé TF1 à élever le "niveau" de "Mask Singer" play_circle
TV
"Il faut que l'on arrive à le secouer" : Comment "l'exigeant" Kev Adams a poussé TF1 à élever le "niveau" de "Mask Singer"
31 mai 2024
Dernières actualités
"Star Academy" 2024 : Découvrez les 15 élèves de la nouvelle promotion de l’émission de TF1 play_circle
TV
"Star Academy" 2024 : Découvrez les 15 élèves de la nouvelle promotion de l’émission de TF1
12 octobre 2024
"Star Academy" 2024 : Couleurs flashy, pièces inédites... Découvrez les images du château redécoré qui accueillera les élèves de cette nouvelle saison play_circle
TV
"Star Academy" 2024 : Couleurs flashy, pièces inédites... Découvrez les images du château redécoré qui accueillera les élèves de cette nouvelle saison
11 octobre 2024
Dernières news