C'est officiel. Vincent Bolloré est le nouveau patron de Vivendi. L'homme d'affaires breton a été nommé hier président du conseil de surveillance du groupe médias détenant notamment Canal+. Au terme d'une assemblée générale avec les actionnaires, Vincent Bolloré a ainsi succédé officiellement à Jean-René Fourtou.
Aux commandes pendant 12 ans, Jean-René Fourtou est parvenu à éviter la faillite du groupe à son arrivée en 2002. Alors que la boulimie d'acquisitions du précédent patron, Jean-Marie Messier, avait laissé le groupe fortement endetté, Jean-René Fourtou, surnommé par certains "fourgue tout", s'est lancé dans un long processus de désendettement. Il a ainsi engagé la vente des studios Universal, de l'éditeur de jeux vidéos Activision Blizzard, de l'opérateur Maroc Telecom ou encore, plus récemment, de SFR finalement cédé à Numericable. Une série de cessions guidée par l'idée de recentrer Vivendi sur ses activités médias.
De son côté, Vincent Bolloré a accepté hier d'en dire un peu plus sur les axes de développement du groupe dans les années à venir. Comme le rapporte Le Figaro, l'homme d'affaires breton a expliqué que Vivendi devait devenir un "groupe industriel intégré dans les contenus". Il a ainsi annoncé son intention de développer les synergies entre les différentes filiales médias du groupe. "Si l'on regarde aujourd'hui les activités médias qui composent le groupe (Canal +, Universal Music ou l'opérateur brésilien GVT), on constate que la croissance de chaque entité est modeste. Mais le groupe recèle une valeur cachée qui est celle des synergies pouvant être mises en oeuvre. Il faut combiner les forces de ces différentes affaires" a-t-il ainsi expliqué.
Vincent Bolloré a notamment cité l'exemple de Canal : "Canal+ doit se développer sur les marchés anglo-saxons, mais il est très difficile de le faire par lui-même. Or, Universal Music et son patron Lucian Grainge sont des stars des médias aux États-Unis, ils devront aider Canal+, ce qui lui fera gagner du temps et de l'argent". Outre ces synergies, Vincent Bolloré compte aussi implanter davantage son groupe dans les pays émergents et notamment en Afrique. "Il y a actuellement 2 milliards d'individus sur terre qui, grâce à la hausse de leurs revenus, veulent accéder à la société d'entertainment. Ces 2 milliards de personnes sont principalement en Afrique et en Asie" a-t-il expliqué.
Dernier axe de développement évoqué hier par Vincent Bolloré, une présence clarifiée et plus forte dans la distribution de contenus en ligne. Vivendi n'est ainsi pour l'instant implanté qu'au travers de différentes participations dans CanalPlay, la plateforme de vidéos musicales Vevo ou encore dans la firme de musique en streaming Spotify.
La nomination de Vincent Bolloré à la tête de Vivendi vient couronner une ascension menée tambour battant. L'homme d'affaires est ainsi entré seulement en 2012 dans le groupe médias en vendant ses deux chaînes TNT, Direct 8 (D8 désormais) et Direct Star (D17) à Canal+. Dans le cadre de cette cession payée en partie en actions Vivendi, le groupe Bolloré a en effet pu monter à hauteur de 4,41% du capital du groupe médias et Telecom. Des investissements postérieurs lui ont ensuite permis d'atteindre les 4,95% du capital, faisant de Vincent Bolloré le premier actionnaire de Vivendi. Avant d'en devenir le patron.