L’ESJ Paris, doyenne mondiale des écoles de journalisme, a nommé Bernard de La Villardière au poste de directeur général adjoint. Cette annonce intervient dans la foulée de l’arrivée du géant de l'audiovisuel Banijay dans le capital de l’école, déjà rachetée en novembre par un consortium regroupant des milliardaires propriétaires de médias. Partie prenante au départ, le groupe Bayard, sous la pression des salariés du groupe d'édition et de presse, a finalement fait machine arrière.
"L’arrivée de ces nouveaux actionnaires témoigne de la reconnaissance croissante de l’école comme un acteur central dans la formation des futurs professionnels de l’information", s’est réjoui l’école dans un communiqué relayé par "Le Figaro". "Elle illustre la dynamique insufflée par le rachat de l’ESJ Paris", qui assure vouloir "conjuguer tradition et modernité pour façonner l’avenir du journalisme et répondre aux nouveaux défis du numérique".
Emmanuel Ostian, ancien grand reporter et présentateur pour des chaînes comme TF1/LCI, Canal+ et Arte, est nommé directeur général. Bernard de La Villardière, présentateur de l'émission "Enquête exclusive" (M6), présidera également le conseil pédagogique. Ce dernier regroupe plusieurs personnalités médiatiques influentes : Jérôme Béglé, directeur général de "Paris Match" (LVMH), Sonia Mabrouk, présentatrice sur Europe 1 et CNews, Donat Vidal-Revel, directeur général d’Europe 1 et François d’Orcival, journaliste conservateur. L’équipe pédagogique sera complétée par des experts comme Rémi Brague, philosophe, et Freddy Gray, rédacteur adjoint de "The Spectator".
La présidence de l’établissement a été confiée à Vianney d’Alançon, entrepreneur catholique, connu pour des projets culturels controversés comme le parc Rocher Mistral, situé dans les Bouches-du-Rhône et surnommé le "Puy du fou provençal". Un parc à thème à la vision historique contestable, et condamné en février 2024 par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour atteintes à l’urbanisme, au patrimoine et à l’environnement. L’entrepreneur est à l'origine du rachat mi-novembre de l’ESJ Paris par un groupe d’investisseurs conservateurs. Parmi eux, la Financière Agache (Bernard Arnault), CMA Media (Rodolphe Saadé), Koodenvoi (groupe Dassault) et la Compagnie de l’Odet (Vincent Bolloré).
Fondée en 1899, l’ESJ Paris ne figure pas parmi les 14 écoles reconnues par la profession, contrairement à son homonyme de Lille, avec qui elle n'a aucun rapport. Avec des frais de scolarité élevés (7.000 euros annuels), l’école a longtemps suscité des débats sur sa gouvernance et ses orientations. Le rachat par des figures médiatiques conservatrices, marquées très à droite, inquiète certains étudiants, qui redoutent une politisation de leur formation. Pour d’autres, cette transition représente une opportunité d’amélioration des infrastructures et des programmes.