La fin d'un conflit vieux de près de six ans. Dans un communiqué publié hier, Vivendi annonce mettre un terme à son litige avec Mediaset via un désengagement progressif du groupe italien dans les cinq ans qui viennent. Vivendi possède près de 19% du groupe audiovisuel dont Fininvest, le holding de la famille Berlusconi, est le premier actionnaire. Ce communiqué doit clore une guerre de tranchées débutée en 2016, quand Vivendi avait renoncé à un accord de rapprochement avec Mediaset via un échange de participations et la reprise par Vivendi de Mediaset Premium, le bouquet de télévision payante du groupe italien.
A l'initiative de Vivendi, cette rupture intervenait seulement trois mois après l'annonce en grande pompe par le même géant français des médias d'un rapprochement avec son homologue italien. A l'époque, le partenariat était présenté par le groupe de Vincent Bolloré comme une étape majeure dans l'édification d'un "Netflix européen" devant concurrencer les plateformes américaines. Le deal prévoyait que Vivendi prenne le contrôle à 100% de Mediaset Premium et qu'en échange, Mediaset obtienne 3,5% du capital de Vivendi, devenant ainsi à l'époque son deuxième actionnaire.
Trois mois seulement après sa conclusion, le groupe de Vincent Bolloré avait finalement dénoncé l'accord en juillet, à la surprise générale, estimant avoir disposé d'une information faussée sur la santé de Mediaset Premium fournie par Mediaset. Vivendi avait demandé dans la foulée une renégociation du deal. S'il voulait bien maintenir l'échange de participation de 3,5%, il proposait de racheter seulement 20% de Mediaset Premium, et de monter à environ 15% dans Mediaset sur trois ans.
Inacceptable selon Fininvest, qui voyait dans ce revirement inattendu une manoeuvre pour prendre à court terme le contrôle de Mediaset. Le holding italien avait rapidement décidé d'attaquer en justice son ex-partenaire français. Vivendi avait répondu par une montée au capital agressive de Mediaset, faisant craindre aux Berlusconi une prise de contrôle rampante, une manoeuvre dont Vincent Bolloré s'est fait le spécialiste. L'affaire s'était ensuite déplacé sur le terrain judiciaire via une succession de procédures et de procès entre les deux parties.
Outre le désengagement de Vivendi de Mediaset, l'accord annoncé hier prévoit aussi que Fininvest rachète 5% des actions détenues directement par le groupe français. Ce dernier "restera actionnaire de Mediaset à hauteur de sa part résiduelle de 4,61% et sera libre de conserver ou de vendre cette participation à tout moment et à n'importe quel prix". Les deux groupes ont également "conclu des accords de bon voisinage dans la télévision gratuite (...) pour une période de cinq ans", annonce le communiqué, sans plus de précision. La finalisation du traité de paix doit être actée le 22 juillet prochain. S'il mettra sans doute un terme à un conflit dans lequel les deux groupes s'étaient enlisés depuis plusieurs mois, il semble aussi devoir sonner le glas de la campagne italienne de Vivendi sur le marché des contenus.