Les langues se délient. Lundi 6 août, le youtubeur Squeezie s'est fendu d'un tweet dans lequel il dénonçait les vidéastes abusant de leur position pour avoir des "rapports sexuels" avec de "jeunes abonnées". A la suite de ce message, "Le Parisien" a recueilli plusieurs témoignages d'adolescentes pointant du doigt les comportements de certains youtubeurs. Parmi eux, deux ont déjà réagi : Anthox Colaboy a annoncé porter plainte et FromHumanToGod a démenti les propos du quotidien dans une vidéo sur sa chaîne YouTube.
Alors que la polémique continue d'enfler, le site "franceinfo" a recueilli ce matin de nouveaux témoignages accablants. Contrairement au "Parisien", la rédaction du service public a décidé de ne pas nommer les youtubeurs mis en cause par des jeunes filles, qui ont leurs noms modifiés. Toutefois, certaines histoires semblent recouper des témoignages délivrés dans le journal francilien.
Ainsi, Marie, 15 ans au moment des faits et majeure aujourd'hui, raconte le harcèlement qu'elle a subi de la part d'un "influenceur comptant plus de deux millions d'abonnés", "qui vit à l'étranger". Alors qu'ils discutaient ensemble depuis un certain temps, le vidéaste lui a demandé d'envoyer "toutes sortes" de photos et vidéos dénudées. "Il voulait une vidéo de moi qui me touchais. Il me disait que si je n'acceptais pas, il arrêterait de me parler. Moi, je ne voulais pas qu'il arrête de parler", confie-t-elle, évoquant la fois où sur Skype le youtubeur a déclaré qu'il la "déviergera". "J'avais peur, mais je l'aimais, donc je ne disais rien", poursuit Marie, qui a échangé avec lui pendant plus d'un an. Elle avoue avoir cédé à ses demandes et lui avoir envoyé des photos d'elle nue.
Estelle, une autre adolescente, ajoute ne pas avoir "osé" dire d'arrêter, alors qu'elle subissait des avances répétées de la part d'un youtubeur : "Il n'était pas correct de recaler un youtubeur avec une grosse notoriété". Un vidéaste de la plateforme Twitch, de 21 ans, aurait également harcelé Elsa, 12 ans, qui "venait d'entrer au collège". "C'était mal. Je pensais que c'était juste un ami, sauf qu'il voulait aller plus loin. Il m'appelait princesse ou mon coeur", explique-t-elle aujourd'hui, précisant qu'il réclamait des photos d'elle nue. A 15 ans aujourd'hui, Elsa ajoute : "Je ne voulais plus entendre parler de lui, j'avais peur qu'il me force à aller plus loin."
D'autres jeunes filles font état du comportement très violent d'un youtubeur spécialisé dans l'univers Pokémon. Refusant ses avances, Pauline a essuyé une volée d'insultes de la part de ce vidéaste : "Sombre idiote", "trou d'balle", "t'as tes règles ou quoi ?" ou "p'tite pute". Pour sa part, Alice raconte également que ce même influenceur lui a réclamé rapidement des photos d'elle pour se masturber avec. "Il faisait en sorte que je m'isole, me disait que c'était mieux que je reste discuter avec lui, qu'il avait parlé à mes amis et qu'ils ne m'aimaient pas", témoigne l'Auvergnate alors âgée de 16 ans.
Lors d'un séjour à deux au salon de la Paris Games Week, à l'automne 2017, le vidéaste de 29 ans n'a pas apprécié qu'Alice discute avec d'autres personnes, dont notamment des garçons. "Quand je suis remontée dans la chambre, il m'a dit 'Tu prends tes affaires et tu te casses'. J'ai commencé à pleurer, mais il m'a dit qu'il allait 'm'en mettre une'", se remémore la lycéenne, racontant avoir fui dans la salle de bain. Après s'être excusé, le youtubeur lui a demandé un câlin. "Il a commencé à me toucher un peu partout, à me déshabiller. Vu que j'avais peur qu'il ne me ramène pas chez moi, je me suis laissée faire", poursuit Alice, qui confie avoir dû refuser à trois reprises ses avances sexuelles. Lorsqu'elle a cessé de lui répondre, le youtubeur s'est mis à harceler la jeune fille et son entourage, insultant notamment sa famille au téléphone. Alice dit avoir porté plainte pour harcèlement et qu'il a arrêté de la contacter depuis le tweet de Squeezie.