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"C'est insultant ce que vous dites" : Franz-Olivier Giesbert accuse François Jost de vouloir "ficher" les journalistes, l'Arcom dément tout "catalogage"
Publié le 19 février 2024 à 16:58
Par Ludovic Galtier Lloret | Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Cinq jours après la décision du Conseil d'État relative à CNews, Mélanie Taravant a organisé, dans "C médiatique" ce dimanche 18 février, une confrontation de points de vue entre l'éditorialiste Franz-Olivier Giesbert et François Jost, spécialiste des médias.
Franz-Olivier Giesbert et François Jost sur le plateau de "C médiatique" ce dimanche 18 février 2024. © France 5
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Près d'une semaine après que le Conseil d'État a passé consigne à l'Arcom, le régulateur des médias, d'affiner son contrôle sur CNews en matière de pluralisme et d'indépendance de l'information, l'écosystème médiatique se déchire sur le bien-fondé de cette décision. Le plateau de "C médiatique" a été, ce dimanche 18 février 2024, le théâtre d'une nouvelle confrontation sur la question entre Franz-Olivier Giesbert (FOG), éditorialiste et ancien directeur de la rédaction du "Point", et François Jost, spécialiste des médias qui a nourri la réflexion des hauts fonctionnaires du Palais royal.

À LIRE AUSSI : CNews : Le Conseil d'État ordonne à l'Arcom de renforcer son contrôle sur la chaîne du groupe de Vincent Bolloré

"Cette histoire est totalement grotesque"

À l'image des têtes d'affiche de CNews mais aussi des éditorialistes des médias conservateurs – "Le Point" et "Le Figaro" – FOG a jugé que "cette histoire est totalement grotesque", considérant "dangereuse" la décision du Conseil d'État, institution dans laquelle il dit n'avoir "aucune confiance".

Il y voit une ingérence du pouvoir politique sur la ligne éditoriale des médias audiovisuels et une remise en cause de la liberté d'expression. "Vous avez un pouvoir politique qui a peur. Macron a peur, c'est clair. Il y a une colère forte dans le pays et donc on veut commencer à contrôler (...) On sort de la démocratie !", a-t-il déploré. "Moi, je ne suis pas flic", a-t-il aussi déclaré en pointant du doigt François Jost qu'il accuse de vouloir "ficher" journalistes et éditorialistes. "C'est du fichage que vous faites ! C'est comique, c'est ridicule", a-t-il lâché.

Avant de réitérer quelques instants plus tard. "M. Jost, maintenant, va faire des fiches sur les gens (...) Il y a les renseignements généraux qui faisaient ça autrefois". "C'est insultant ce que vous dites", l'a contredit François Jost, qui est revenu sur la génèse de cette décision. Vous croyez que j'ai que ça à faire dans la vie, franchement (...) Vous êtes ridicule". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.

"Une opération de contournement" des règles sur le pluralisme

Depuis une loi de 1986, seul le temps de parole des personnalités politiques est utilisé pour mesurer le pluralisme sur une antenne. "Mais les opinions politiques ne sont pas seulement relayées par les responsables politiques", souligne François Jost. Ce temps-là est donc désormais obsolète, juge l'observateur des médias, témoin numéro un de l''opération de contournement" réalisée par CNews en la matière.

Par exemple, illustre-t-il, "dans une émission comme celle de Pascal Praud ("L'heure des pros", ndlr), on invite Laurent Joffrin, qui est encarté parce qu'il dirige un petit mouvement politique (de gauche, Les engagé.e.s, ndlr). Il a face à lui trois ou quatre chroniqueurs qui sont de droite ou d'extrême droite. Eux ne sont pas comptés. L'émission est donc une émission de gauche finalement si on regarde les choses. C'est une aberration", explicite celui qui a constaté "une omniprésence de journalistes et éditorialistes de 'Valeurs actuelles', 'Causeur' et 'L'incorrect'" sur les plateaux de CNews.

Le même type de raisonnement peut être appliqué à Philippe de Villiers. En qualité de présentateur de "Face à de Villiers", l'ancien candidat à la présidentielle et ancien soutien d'Éric Zemmour en 2022 sait que sa parole – pourtant politisée – n'est pas comptabilisée. "Personne ne peut être dupe de cette stratégie. C'est simplement un moyen pour le groupe Bolloré de faire venir des figures de l'extrême droite sans comptabiliser leur temps de parole", analyse dans "C médiatique" l'historien des médias Alexis Lévrier.

"Il n'y aura pas de catalogage des journalistes et invités"

Les modalités d'application de la décision du Conseil d'État restent cependant floues. "Il s'agit d'une évolution, avec une capacité d'appréciation de la notion de pluralisme", a indiqué le président de l'Arcom, Roch-Olivier Maistre, ce dimanche 18 février 2024 dans un entretien à "La Tribune dimanche".

"Mais soyons très clairs : il ne nous est pas demandé de comptabiliser chacun des intervenants. Il n'y aura pas de catalogage des journalistes et invités. Il s'agira d'une appréciation globale sur l'ensemble des programmes diffusés. L'Arcom n'est ni la police de la pensée ni un tribunal d'opinion. La loi de 1986 est d'abord une loi de liberté, qui consacre la liberté de communication et la liberté éditoriale".

Ces nouvelles règles du jeu devraient être annoncées dans un délai de six mois parallèlement à une autre échéance : la réattribution des fréquences de 15 chaînes de la TNT.

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