Campagne de communication. Par la voix de son rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz, le quotidien "La voix du nord" a annoncé, mercredi, l'annulation d'un entretien de Jean-Luc Mélenchon par un panel de lecteurs du journal régional, au motif que le candidat de La France insoumise "ne peut pas relire l'article qui en sera tiré avant parution". "C'est le dernier à nous réclamer ça. Même Emmanuel Macron (dont les équipes ont tenté d'obtenir les questions des journalistes en amont de sa conférence de presse d'hier, ndlr) ne l'a pas demandé lors de sa récente interview. Ancien monde", a révélé, agacé, Patrick Jankielewicz sur Twitter.
Contactée par "Marianne", l'équipe de Jean-Luc Mélenchon réfute toute volonté d'entraver la liberté de la presse. "Jean-Luc Mélenchon est attaché à la fois à la forme orale comme à l'écrit. Les retranscriptions de ses échanges étant souvent très longues, il tient à vérifier le sens de ses propos. C'est une démarche qui n'est ni honteuse, ni abusive", glisse-t-elle.
Avant de se plaindre ouvertement d'une "différence de traitement". "Ils ne nous traitent pas bien, nous avons régulièrement droit à des articles au vitriol, ça devient systématique". Sur Twitter, Patrick Jankielewicz, a réagi, ce matin avec ironie, à l'article de "Marianne" : "Si j'ai bien compris les explications de son équipe à nos confrères (qui ne nous ont pas interrogés), Jean-Luc Mélenchon ne souhaite pas s'exprimer dans 'La voix du nord' notamment car nous n'accorderions pas assez de place à La France insoumise dans nos colonnes. Amusant", a-t-il écrit.
La relecture des interviews réalisées par ses journalistes a été proscrite par la rédaction de "La voix du nord" depuis 2018. La relecture s'apparentant le plus souvent, selon le journal, à un "exercice de réécriture". La France insoumise ne pouvait donc l'ignorer, elle reconnaît d'ailleurs volontiers auprès de "Marianne" que le rédacteur en chef en a fait son "cheval de bataille". "Ils surfent là-dessus, c'est devenu leur combat", constate l'entourage de Jean-Luc Mélenchon.
A l'inverse, d'autres rédactions, à l'instar du "Parisien", assume ouvertement pratiquer "la relecture de courtoisie". A l'occasion d'un "Face aux lecteurs" organisé avec Emmanuel Macron en début d'année, Olivier Beaumont, journaliste au service politique du journal, s'en était expliqué à plusieurs reprises. "Dans ce genre d'exercice, il y a des relectures de courtoisie", soulignait-il ainsi sur BFMTV. "On n'a pas tout retranscrit de l'échange et des propos. On a envoyé l'interview pour une relecture de courtoisie, mais pas de retouches. L'Elysée n'a pas fait opposition quand il a vu cette phrase", assurait-il ainsi, en référence à la sortie polémique du président de la République, "les non-vaccinés, j'ai très envie de les emmerder".