C'est l'artiste francophone la écoutée dans le monde, et pourtant. Aya Nakamura est une nouvelle fois la cible de l'extrême droite alors qu'elle pourrait chanter lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques à Paris. Selon un article de l'"Express", l'artiste aurait été reçue à l'Élysée le 19 février dernier pour échanger avec Emmanuel Macron, qui souhaiterait qu'elle interprète une chanson d'Édith Piaf. Une annonce ni confirmée ni démentie par les deux principaux intéressés, mais qui a suffi pour attirer les foudres de certaines personnalités conservatrices. Ce dimanche, Éric Zemmour a étrillé l'artiste lors d'un premier grand meeting de campagne en vue des élections européennes de Reconquête !, son parti d'extrême droite, sous les huées de ses partisans. La veille, Les Natifs, un groupuscule de l'ultradroite, a posté une photo d'une banderole tendue à Paris sur laquelle on peut lire un slogan raciste : "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako".
Ce jeudi 14 mars dans "Télématin", Gérard Larcher s'est également joint aux critiques. "Ça n'aurait pas été mon choix, je vous le dis tout de suite, même pour chanter Edith Piaf, c'est un choix un peu disruptif du président de la République", a-t-il lancé. "Quand je regarde le texte de ces chansons, je trouve qu'on est assez loin de la représentation de notre pays" ajoute-il. "Qu'est-ce qui vous gêne dans ces textes ?" l'interroge alors Thomas Sotto. "Écoutez, vous voulez que je le dise sur le plateau ?" prévient-il, avant de faire référence au tube planétaire de 2018 "Djadja" écorchant au passage l'expression "en catchana" que l'on entend dans le refrain du titre. "'Cachaka' par exemple, qui est l'ode à la levrette, je ne suis pas sûr pour le vétérinaire que ce soit l'ode à un animal, j'allais dire carnivore" ironise-t-il.
"En tout cas, vous maîtrisez pas mal le répertoire d'Aya Nakamura", répond le journaliste. "Oui, j'ai été regarder d'assez près, puisque mes propres enfants me posaient la question" justifie le président du Sénat. Quant à la question de savoir quel l'artiste il aurait choisi pour chanter lors des JO, Gérard Larcher botte en touche. "Écoutez, moi je pense qu'il aurait fallu faire un choix collectif. Vous savez, les Jeux Olympiques, moi j'y ai participé, c'était à Montréal. C'est un moment d'unité, c'est un moment de joie, c'est un moment de rassemblement, je crois que le choix aurait dû être collectif" a-t-il insisté.
Interrogée au fil des ans à plusieurs reprises sur le sens de ses paroles, Aya Nakamura a toujours expliqué utiliser un argot qui est propre à la "culture des quartiers". Ayant grandi à Aulnay-sous-Bois dans le 93, elle emploie également dans ses titres des mots inspirés de l'argot malien, d'où elle est originaire. Dès 2018, sur le plateau de "Quotidien", l'autrice-compositrice interprète, qui a commencé à écrire des chansons à 14 ans, a également expliqué que "en catchana" faisait effectivement référence à une position sexuelle, mais contrairement à ce qu'avance Gérard Larcher, il ne s'agit pas de faire "une ode à la levrette". En fait, toute la chanson pointe du doigt "Dadja" donc, un homme menteur qui raconte avoir eu des relations avec la chanteuse.