Une confrontation d'idées. Hier soir, dans "C Politique, le débat" sur France 5, Karim Rissouli a orchestré à la fin de son émission un débat entre Fabrice Arfi de "Mediapart" et Fabrice Nicolino de "Charlie Hebdo". Le présentateur a souhaité revenir avec ces deux journalistes sur la polémique qui enfle depuis une semaine concernant la dernière Une du journal satirique. En effet, après une caricature d'Edwy Plenel liée à l'affaire Tariq Ramadan en couverture mercredi dernier, les deux rédactions se sont écharpées par médias interposés.
Dimanche, dans l'émission politique de France 5, le débat entre les deux hommes s'est rapidement tendu. Auteur d'une tribune au vitriol sur son compte Facebook, Fabrice Nicolino a pointé du doigt un tweet d'Edwy Plenel, dans lequel il qualifie la fameuse Une d'"affiche rouge", une référence explicite à celle des nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. De son coté, Fabrice Arfi a défendu le travail de sa rédaction, rappelant la série d'enquêtes concernant Tariq Ramadan et indiquant que les journalistes de "Mediapart" n'étaient pas au courant des accusations de viol et d'agressions sexuelles.
"Je peux comprendre la réaction d'Edwy Plenel qui a présidé à la rédaction de ce tweet. Il y a 18 mois, dans 'Charlie Hebdo' en page 2, il y avait un dessin, qui montrait déjà Edwy Plenel tenant en laisse deux chiens qui étaient les frères Kouachi. Il y a eu ça dans 'Charlie Hebdo'", a lancé Fabrice Arfi, agaçant fortement Fabrice Nicolino : "Attendez, attendez. Non, mais ce n'est pas possible ! Non ! Dans tout ce genre de situation, il y a un problème de contextualisation. Vous pouvez sortir n'importe quoi de n'importe où". Le journaliste de "Mediapart" lui a répondu qu'il avait la "liberté absolue de faire ces dessins", mais que lui, il avait aussi la "liberté de réagir".
Le spécialiste écologie de "Charlie Hebdo" n'en a pas démordu : "Non, vous pratiquez exactement comme monsieur Plenel, c'est-à-dire que l'on parle de quelque chose et vous passez à autre chose ! (...) Vous prenez quelque chose que personne n'a lu. Pour impressionner votre monde, vous sortez un dessin." "Vous dîtes que ce n'est qu'un dessin, je ne crois pas que l'on soit aux Beaux-Arts. La satire, il y a un message derrière", a rétorqué Fabrice Arfi, glissant qu'un "dessin qui sous-entend une complicité de 'Mediapart' avec Tariq Ramadan, c'est faux".
Après la diffusion d'une séquence dans laquelle Edwy Plenel accuse indirectement l'hebdomadaire satirique de s'allier à l'extrême-droite, le ton est monté entre les deux hommes. "Je vais vous lire ce qu'a écrit le patron de 'Charlie Hebdo' le 30 mai 2016 dans un éditorial. Il a dit que le boulanger musulman, que la femme voilée et que le dealer maghrébin, tous à leur manière, participaient à l'entreprise terroriste", a cité Fabrice Arfi, provoquant la colère de son interlocuteur : "Stop, non monsieur. Je connais Riss depuis de longues années, je le respecte et je l'aime en tant qu'ami. Je sais qu'il est à l'opposé du moindre propos raciste."
"Nous pouvons en discuter, mais je ne dis pas que c'est raciste", a enchaîné celui qui a enquêté sur liens de Nicolas Sarkozy avec la Libye. Enervant de nouveau son débatteur, Fabrice Nicolino a lâché : "Vous ne respectez pas les règles de morale élémentaires. Vous trouvez normal que monsieur Plenel nous compare à une horde de nazis." puremedias.com vous propose de visionner la séquence diffusée hier sur France 5.