Ne surtout pas se fier à son large sourire ou à ses bonnes manières. Derrière l'homme à la chaleur indéniable se cache le plus grand des prédateurs de la finance française. C'est un portrait intéressant de Vincent Bolloré, ne cachant rien de la complexité du personnage, que dresse ce soir le magazine "Complément d'enquête" sur France 2, et que puremedias.com a vu en avant-première.
Tristan Waleckx et Mathieu Rénier ont suivi pendant six mois la piste de l'industriel breton, qui fait la Une des gazettes depuis sa reprise en main au forceps du groupe Canal+. Les deux journalistes retracent le parcours de l'homme d'affaires qui dans les années 80 a transformé la papeterie familiale centenaire en une très rentable usine de fabrication de films plastiques ultra-fins. Sa success story a continué en Afrique, avec la culture de l'huile de palme et surtout la construction et l'exploitation de plateformes portuaires en Afrique de l'Ouest. Les journalistes rappellent aussi son premier fait d'armes : la tentative de raid finalement abandonnée sur le groupe Bouygues. Ils détaillent son entrée chez Havas, ses lourds investissements dans les batteries automobiles, et, bien sûr, son entrée chez Vivendi si remarquablement résumée par "Les Guignols".
Vincent Bolloré n'a pas souhaité parler aux équipes de "Complément d'enquête" mais a envoyé plusieurs de ses proches (Philippe Labro, Alain Minc, Ange Mancini, Laurent Dassault ou Bernard Poignant) devant les caméras de France 2. Mais pas question pour les deux journalistes de faire un portrait façon "Un jour, un destin". Pour voir la face cachée du business de Bolloré, ils se sont rendus au Cameroun ou en Guinée où des travailleurs collectent dans des conditions extrêmement difficiles les fruits du palmier à huile. Ils ont également observé ses relations ambigües avec les chefs d'Etat africains à qui Bolloré ne refuse jamais un "service d'ami". Un sens de l'amitié qui permet à son groupe d'emporter étrangement un grand nombre d'appel d'offres sur le continent.
Trois séquences se démarquent particulièrement de ce documentaire : une archive inédite de la prise de pouvoir de Vincent Bolloré chez Havas lors d'une assemblée générale d'actionnaires épique, son one man show sur la scène de l'Olympia pour rassurer les salariés de Canal+ (images pirates là encore jamais diffusées) et, enfin, ce fameux concert gratuit organisé à Conakry, en Guinée, pour favoriser la réélection d'Alpha Condé !
On s'amuse de voir Vincent Bolloré décrit comme un "gitan" par l'un de ses proches. Un prédateur sans foi ni loi, dont le génie réside dans son culot. "Avec Vivendi, tout le monde pense que je suis un nullos total", s'amuse Vincent Bolloré devant les caméras de France 2, en roulant des mécaniques. Tout Bolloré est résumé dans cet échange, qui mêle provocation et assurance extrême.
l "Vincent Bolloré, un ami qui vous veut du bien ?", ce soir dans "Complément d'enquête".