Rassurer les salariés après sa prise de pouvoir à Vivendi et Canal+. En fin de matinée, Vincent Bolloré s'exprimait depuis L'Olympia à Paris face aux collaborateurs de son groupe, qui avaient été conviés il y a quelques jours. La salle ne pouvant accueillir tout le monde, le discours de l'homme d'affaires breton était retransmis dans plusieurs salles à Canal+. Par peur des fuites, la diffusion sur le canal interne a été annulée à la dernière minute.
"Je voudrais que vous sortiez avec la conclusion que je ne suis pas un psychopathe", a d'abord lancé Vincent Bolloré à ses collaborateurs. Depuis sa reprise du groupe, de nombreux portraits lui ont été consacrés, le décrivant autoritaire, régnant sans partage à la tête de Vivendi. Il faut dire que l'homme d'affaires est entré par la petite porte, avant de prendre le contrôle en quelques mois. "J'ai acheté quelques actions chez Vivendi, ça a aidé pour ma promotion", a-t-il ironisé devant une salle hilare. Un vrai stand-up ! Tout l'état-major de Vivendi/Canal était présent pour l'occasion: Maxime Saada, Dominique Delport, Guillaume Zeller ou encore Frédéric Crépin.
En bon manageur, Vincent Bolloré a tenté de motiver ses trouves : "Défendez votre maison, ce n'est pas à moi de dire qu'elle est belle, c'est à vous ! Je vais me battre pour que Canal se développe mais je ne peux pas le faire seul ! Cette maison est belle, inventive, symbolise le développement de la culture française !". Mais la culture française ne doit pas trop s'inspirer de ce qui se passe Outre-Atlantique selon lui. "On a souvent envie de copier ce qui se passe aux US, c'est une erreur, on ne fait pas aussi bien qu'eux !", a-t-il lâché. Avant de rêver d'un "Groland" à l'américaine ou d'une version internationale des Guignols : "Ce programme peut être vu par le monde entier, on peut faire tous les personnages !". A ceux qui doutent du retour des marionnettes en latex, il les a rassurés, elles reviendront "évidemment".
Vincent Bolloré a aussi tenté de rassurer les marchés sur le nombre d'abonnés à Canal+. "On a toujours pratiquement le même nombre d'abonnés", a-t-il assuré, sans donner de détails après la publication des derniers résultats du groupe. Pour en recruter de nouveaux, le milliardaire compte "réinvestir" dans le sport. "Les gens se font des pizzas beIN et plus des pizzas Canal !", s'est-il désolé. Thierry Cheleman, nouveau patron des sports a surenchéri : "Canal a perdu de nombreuses compétitions, nous allons partir à la conquête de nouveau droits sportifs".
Vincent Bolloré, seul sur scène, est aussi revenu sur les dernières polémiques et soupçons de reprise en main de la ligne éditoriale de Canal sur l'investigation et la politique. "Quand on m'explique que je fais de la censure, ça me fait doucement rigoler !", a-t-il osé, malgré les différentes preuves avancées par la presse. Pour prouver sa bonne foi, les extraits du Zapping avec le documentaire sur le Crédit Mutuel et le sketch de "Groland" ont été montrés dans un petit film sur Canal+. "Je ne suis pas là pour faire la campagne de Sarkozy, je ne suis pas là pour censurer", a-t-il répondu à ses détracteurs.
Vincent Bolloré a défendu bec et ongles Maïtena Biraben, en difficultés d'audience depuis la rentrée avec "Le Grand Journal". Il a réitéré sa promesse faite sur RTL quelques semaines plus tôt : "Tu es avec nous jusqu'en 2022 ! Après c'est Yannick Bolloré (son fils), je ne sais pas ce qu'il fera". La journaliste, présente dans la salle, n'a pas caché son émotion. Vincent Bolloré a rappelé que "sa grande joie" ces derniers mois avait été de voir l'un de ses chroniqueurs, Cyrille Eldin, apporter un gâteau d'anniversaire à Cyril Hanouna sur D8. Car pour Vincent Bolloré, "on doit être capable de travailler ensemble à l'intérieur de Canal, que la 8 parle à la 17 qui parle à la 4". En clair, stop aux guerres intestines de l'ancienne époque...
Les nouveaux talents sont l'une des obsessions de Vincent Bolloré, il veut en recruter de nouveaux pour les antennes. Avant de confier avoir dîné la veille avec Omar Sy, il explique qu'on ne doit pas voir sur Canal+ ce qui est diffusé sur les chaînes gratuites : "Vous n'aurez aucun abonné comme ça !". Après une heure de show, Vincent Bolloré a conclu : "Faisons notre travail ensemble, vous avez un groupe qui vous suit, vous avez beaucoup de choses entre les mains". Le message du nouveau patron est clair : il n'y a pas de crise à Canal+, l'avenir est devant vous... Ou comment remonter à bloc les salariés du groupe. A part peut-être ceux d'iTELE, grands oubliés de ce show.