S'il fallait encore le prouver, la saison 2011/2012 a indéniablement été celle de la comédie féminine aux Etats-Unis. Entre le succès de "New Girl" et le carton de "2 Broke Girls", et même les ratés de "Whitney" ou "I Hate My Teenage Daughter", les femmes ont pris une place prépondérante dans la comédie cette année et c'est au mois d'avril qu'ABC a décidé de lancer la dernière arrivée, "Don't Trust the B---- in Apartment 23".
Evidemment, le B du titre se réfère au mot "Bitch", qu'ABC a également dû retirer d'une autre nouveauté de sa grille 2012, "GCB". Mais les similitudes entre les deux séries s'arrêtent là. Dans "Don't Trust", la jeune June, 26 ans, débarque à New York pour un job de rêve et voit déjà sa vie planifiée. Sauf que l'entreprise qui devait l'embaucher ferme et que son appartement de fonction est saisi. Ni une, ni deux, la voilà en coloc avec Chloe, une jeune femme adorable. Enfin, c'est ce qu'elle laisse paraître.
Apparemment dépourvue de toute morale, Chloe arnaque ses colocataires successives mais la naïve et gentille June la surprend dans le pilote rythmé, drôle et bien construit. L'humour est moins systématiquement génital, si on la compare à "2 Broke Girls", autre série dont les deux héroïnes sont aussi différentes que possible même si on n'échappe pas à une scène où Krysten Ritter se balade complètement nue dans l'appartement, sous le regard enthousiaste - pour ne pas dire autre chose - de son voisin de l'immeuble d'en face.
Le cynisme de Chloe provoque des dialogues inattendus et bien écrits, et le meilleur ami de cette dernière ne fait qu'ajouter au côté irrévérencieux de l'ensemble. James Van Der Beek, l'inoubliable héros de "Dawson", campe en effet une version exagérée de son propre rôle et se retrouve témoin plus ou moins consentant des petits délits de Chloe. Dans le rôle, Krysten Ritter est épatante : l'actrice, souvent cantonnée aux seconds rôles, rend crédible ce personnage parfois un peu caricatural tandis que Dreama Walker, qui incarne Chloe, passe sans souci de la nunuche à la femme déterminée, un côté qu'elle avait déjà exploité avec brio dans "The Good Wife".
Dans le pilote, les personnages secondaires semblent pour l'heure un peu trop clichés - un reproche qu'on peut encore faire à "2 Broke Girls" après vingt épisodes - mais l'avenir nous dira si la créatrice de la série, Nahnatchka Khan, parvient à les rendre plus humains et intéressants. Et il faudra voir, également, comment les scénaristes parviennent à conserver au coeur de la série cette différence fondamentale entre les deux femmes sans que leur amitié naissante n'en soit difficile à croire. D'ici là, grâce à un cast solide et des dialoguistes doués, "Don't Trust the B---- in Apartment 23" vaut le détour.