Une polémique qui lui colle à la peau. Trois ans après avoir été au coeur d'une polémique après s'être exprimée sur son ressenti concernant les violences policières, la chanteuse et actrice Camélia Jordana est à l'affiche du film "Avant que les flammes ne s'éteignent", qui évoque ce sujet. Interrogée par "20 Minutes", l'artiste révélée par la "Nouvelle Star" est revenue sur le débat brulant généré par ses propos en mai 2020. Elle raconte subir encore aujourd'hui le contrecoup de sa prise de position dans l'émission de Laurent Ruquier mais assure qu'elle continuera à s'exprimer sur les sujets d'actualité dans les médias.
Le 23 mai 2020, les réseaux sociaux s'embrasent lorsque la chanteuse déclare, entre autres : "Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic et j'en fais partie". Médias et les politiques se saisissent de la séquence, jusqu'à Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, qui a condamné les propos de l'artiste le lendemain de la diffusion de l'émission. "Les propos qu'on a pu me prêter à ce sujet, toutes les déformations de mon discours, allaient à l'opposé même du message que je voulais envoyer pour recréer du lien et de la confiance entre le peuple et la police", rembobine Camélia Jordana pour le journal. Avec le recul, elle estime que la transformation de son discours a été "très dur et très injuste".
Aujourd'hui encore, elle raconte que "des gens qui pensent qu'(elle) est raciste 'anti-Blancs' ou qu'(elle) déteste les hommes". "Du pur délire", réagit-elle. Pourtant, la chanteuse de 31 ans, se réjouit que les violences policières sont "un sujet qui est maintenant au centre du débat citoyen". "J'ai l'impression aussi que l'écoute a changé en trois ans", ajoute-t-elle.
Car au moment de sa prise de position, de nombreuses voix se sont faites entendre tordant sa parole. "Cela m'a fragilisée sur le moment, reconnaît-elle. Mais j'ai compris qu'il pouvait être plus confortable pour certaines personnes pour certaines personnes qui auraient pu apporter une réponse sur le sujet des violences policières, d'insister sur ma maladresse. Cela détournait l'attention pour éviter d'agir".
Elle rappelle avoir été révélée au grand public à l'âge de 16 ans et s'être ensuite construite devant l'objectif de caméras et face à des journalistes "ravis qu'elle leur raconte ce qu'elle pensait", dans la plus grande confiance mutuelle. "Et du jour au lendemain, sur un sujet que je ne pensais pas à ce point épineux, c'est devenu incontrôlable. J'ai été choquée par la façon dont mes propos ont été déformés sans que je puisse rien inverser".
Un déferlement dont elle ramasse encore les morceaux qui l'interroge : "Je devrais peut-être pratiquer plus de langue de bois, pour me protéger, moi et mes projets, mes équipes..." Mais elle ne voit aucun frein à s'exprimer sur des sujets d'actualité si elle en ressent le besoin. "On peut être tenté de dire ce qu'on pense avec spontanéité et authenticité, quitte à en payer le prix, comme dans mon cas", reconnaît-elle.
Si elle préfère que l'avis des artistes ne s'exprime jamais comme une obligation, pour Camélia Jordana, "être artiste, c'est refléter son temps". "Je ne saurais pas ne pas regarder le monde dans lequel je vis. Quand on me pose des questions sur l'état du monde, je ne peux pas dire : 'Non, non, je n'ai pas d'opinion'".