La colère de la présidente de France Télévisions. Dans une interview accordée aujourd'hui à "L'Equipe", Delphine Ernotte se félicite concernant l'accord trouvé avec l'Union européenne de radio-télévision pour diffuser les Jeux olympiques jusqu'en 2032. L'occasion pour la dirigeante de revenir sur sa politique pour le sport au sein du groupe audiovisuel du service public.
Interrogée sur la diffusion du tournoi de tennis de Roland-Garros, Delphine Ernotte rappelle que France Télévisions diffusera la prochaine édition de la compétition : "Nous verrons ce que donnent les négociations pour la suite". "Nous souhaitons évidemment conserver (le tournoi, ndlr) mais nous n'avons pas les poches aussi profondes que les plateformes américaines (Amazon est l'autre diffuseur du tournoi). Nous ne jouons pas dans la même catégorie", insiste la dirigeante. "Mais nous ne jouons pas non plus dans la même catégorie en termes de puissance d'exposition. Je rappelle que 25% des Français n'ont pas encore accès au numérique. Dans un moment où le pouvoir d'achat est un sujet (...), garantir à nos concitoyens un accès gratuit au patrimoine sportif français, c'est notre travail", souligne-t-elle.
Par ailleurs, la patronne de la télévision publique revient sur une situation qui l'avait "choquée" fin mai 2022, lorsque le quart de finale prestigieux entre Rafael Nadal et Novak Djokovic avait été diffusé sur Amazon Prime Video plutôt que sur France Télévisions. "J'étais furieuse ! C'est difficile d'entendre que l'on s'assoit sur trente ans de partenariat comme cela. Ne même pas considérer la place que nous avons tenue, c'est dur. J'espère que cette année, on fera davantage attention à la diffusion des grands matchs en gratuit", s'agace Delphine Ernotte. Et d'ajouter : "Plus largement, nous aurions intérêt à muscler la liste des événements sportifs protégés, donc diffusés gratuitement".
Pour l'ex-dirigeante d'Orange, la bataille contre les GAFAM est "monétairement impossible" : "Mais la donne pourrait changer". "Les plateformes vendaient de la croissance mais la compétition entre elles devient de plus en plus féroce. Les abonnements plafonnent... Elles ne peuvent plus miser sur la croissance pour soutenir leurs cours de Bourse et vont maintenant revenir à l'économie réelle : quels bénéfices dégagés chaque mois ? Ce sera une autre paire de manches", indique Delphine Ernotte. Et de conclure : "Nous devrions assister à un petit rééquilibrage".