On ne parle que de lui depuis plusieurs jours. Laurent Ruquier, le "pompier de France 2", a présenté ce soir sa première "Emission pour tous", de 18h30 à 19h50, pour sauver l'access après l'échec de Sophia Aram. Alors, c'était comment ? puremedias.com était devant son poste de télévision.
Sans surprise, Ruquier a fait du Ruquier ce soir et Barma, la productrice... du Barma. Les codes visuels de l'émission, un bleu/violet criard, sont proches de "On n'est pas couché" et de la plupart des formats mis à l'antenne par "Tout sur l'écran". Le concept tient sur un post-it : des débats introduits par une question, le vote du public sur des tablettes tactiles ("Oui" ou "Non"), l'avis des chroniqueurs façon "Académie des neuf" et des experts en plateau pour contextualiser le débat. Première question : "Avez-vous déjà vu un film avec Julie Gayet ?". Seulement 14 personnes répondent "oui", le public est appelé à réagir. Les "pensionnaires" aussi, avec des vannes plus ou moins préparées : "Comme l'ensemble des Français, Hollande ne savait pas qu'elle était actrice" (...) "Il suffit de voir l'état du cerveau de Christine Bravo pour comprendre les ravages du cannabis" (Stéphane Bak).
L'avis du public, l'un des principaux ressorts de l'émission, a l'avantage de dynamiser le format et d'éviter "l'entre-soi", comme le souhaitait Laurent Ruquier. Mais on se fout généralement de ce qu'il pense. Autres questions d'actu posées ce soir : "Iriez-vous le voir le spectacle de Dieudonné ?" ; "Etes-vous favorable au dépistage du cannabis dans le lycée ?". L'émission est ponctuée de quizz, comme "Savez-vous qui c'est ?". Une photo, une question. C'est efficace et malin : les téléspectateurs (qui n'ont pas ouvert un journal depuis ce matin) apprendront probablement des choses dans la bonne humeur, l'ADN de "On va s'gêner" sur Europe 1.
En deuxième partie de l'émission (à 19h30), on prend les mêmes et on recommence. Avec de nouveaux invités : Marcela Iacub (sur l'affaire Gayet, toujours), Georges Tron (sur la vie privée du président, encore) et Hélène Pilichowski (cousine de François Hollande, toujours sur les révélations de "Closer"). Au beau milieu du débat, on respire avec Florence Foresti en Dominique Pipeau, ministre des Affaires problématiques. "Je suis heureuse de voir que vous suivez le gouvernement ce soir : le changement, ce n'est pas maintenant", a moqué l'humoriste pour souligner que rien n'avait changé depuis 2004 et l'époque de "On a tout essayé". Elle n'a pas tort. Florence Foresti ne sera pas là tous les soirs et cette parenthèse de pur divertissement était la bienvenue après l'empilement des questions-débats.
Même si l'émission manque cruellement de magnétos (1h30 de plateau, c'est très, très long), Laurent Ruquier et Catherine Barma ont offert ce soir aux téléspectateurs ce qu'ils savent faire de mieux : apprendre des choses en se divertissant. Un nouveau talk populaire qui repose non pas sur l'avis du public, un peu gadget, mais bien sur les vannes des sociétaires et les invités. L'émission est incontestablement rythmée, ses deux parties gagneront sans doute à mieux se différencier dans les prochains jours.
Une émission pour tous ou pour personne ? Les concurrents de Ruquier à cette heure ne cachent pas leur inquiétude. Epargnés par Sophia Aram de septembre à décembre, ils ont réalisé des études d'impact sur l'arrivée de "L'émission pour tous" sur leurs audiences. La semaine dernière, France 2 draînait, entre 18h30 et 19h50, 1,8 million de téléspectateurs en moyenne (soit 9,5% du public). Effet de curiosité oblige, Laurent Ruquier peut espérer atteindre ce soir entre 15 et 17% des personnes devant leur poste. Soit près d'un million de téléspectateurs de plus ! Tous ne viendront pas de Canal+, France 5 et D8, les jeux sur TF1 pourraient aussi souffrir. Reste à savoir si Laurent Ruquier rebattra à lui seul les cartes de l'access.
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