Pas encore diffusé, déjà décrié. Le nouveau docu-réalité de M6, "La Rue des allocs", fait beaucoup parler. Alors que la première diffusion est prévue ce mercredi en prime time sur la Six, une association pour la réinsertion sociale interpelle cet après-midi le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel lui demandant d'intervenir "en urgence" et de supprimer le programme.
"La FNARS (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) demande au Conseil supérieur de l'audiovisuel d'intervenir auprès de la direction de la chaine M6 pour suspendre la diffusion de ce programme stigmatisant et honteux face à la détresse sociale que vivent près de 8 millions de personnes pauvres en France" dénonce l'association, qui s'est basée pour son analyse sur les bandes-annonces et extraits diffusés en amont du lancement du programme, ce soir.
"D'après les premiers extraits déjà diffusés, ce documentaire multiplie les clichés, préjugés et remarques stigmatisantes à l'égard des personnes en situation de pauvreté rendues systématiquement responsables de leur situation. Les règles de décence et de respect de la dignité humaine sont à l'évidence bafouées à travers une émission guidée par un voyeurisme malsain et l'exploitation de la misère humaine à des fins d'audimat", dénonce la FNARS. Contactée par puremedias.com, M6 ne souhaite faire aucun commentaire suite à la publication du communiqué du FNARS, et indique que la diffusion de "La Rue des allocs" est maintenue.
Les deux épisodes inédits diffusés ce soir à partir de 21h retracent le quotidien de plusieurs habitants de la ville d'Amiens. Au programme : portraits des résidents du quartier ouvrier de Saint-Leu entre bénévoles et familles dans le besoin. "Presque tous vivent avec moins de mille euros par mois, le seuil légal de pauvreté" annonce la chaîne dans un communiqué.
Produite par Troisième Oeil, cette adaptation du format britannique "Benefits Street", diffusé sur Channel 4, marche donc sur les traces de l'émission originale. De nombreuses polémiques avaient en effet éclaté après la diffusion de la première saison en 2014, plusieurs participants se sentant notamment bafoués alors que la FNARS demande aujourd'hui au CSA de "mesurer, en sollicitant les protagonistes, le degré de consentement, d'instrumentalisation des personnes filmées dans ce documentaire". La classe politique anglaise avait elle aussi largement commenté ce programme dont certains épisodes avaient réuni plus de 6 millions de curieux.