La société de production du "Golden Bachelor", adaptation de l’émission de téléréalité "Le Bachelor" diffusée sur M6, attaquée en justice. Selon "Télérama", trois des participantes, Catherine, Mariella et Béatrice, ont saisi les prud’hommes de Boulogne-Billancourt pour dénoncer les conditions de tournage du programme. Le 2 décembre 2024, ces trois femmes ont saisi le greffe pour attaquer Warner Bros International Television Production France, la filiale française du géant américain, qui produit l’émission. Diffusée en septembre dernier, la version française de ce programme mettait en scène Landry, un veuf de 60 ans, qui devait trouver l’amour parmi une vingtaine de "bachelorettes" âgées de 55 à 67 ans. Mais cette version senior du "Bachelor" n’a pas rencontré son public, et sa diffusion a été écourtée faute d’audience.
Les trois plaignantes dénoncent plusieurs manquements, notamment en matière de sécurité et de protection de leur santé. Elles parlent d’heures supplémentaires non payées, d’un confinement strict sur le lieu de tournage et d’une gestion autoritaire de leur quotidien. Selon leurs témoignages recueillis par "Télérama", elles ont été privées de leurs téléphones portables, de leurs pièces d’identité et d’une réelle liberté de mouvement. "Pendant un mois complet, nous étions complètement à l’isolement, prenions nos repas dans nos chambres sans télé ni radio, totalement coupées du monde", explique Mariella, 63 ans, finaliste du programme. "Nous n’avons fait que bosser pour toucher au final une rémunération très loin du compte", dénonce-t-elle.
Les participantes, qui étaient embauchées sous contrat à durée déterminée (CDD), ont vu leurs journées de travail s’allonger bien au-delà des huit heures prévues. Selon Tilia Bopp, leur avocate du cabinet Wan, spécialisé en droit des technologies de l’information et des communications, certaines journées ont atteint dix-huit heures de travail. Ces heures supplémentaires, qui concernaient diverses activités comme le relooking, les séances photos, les interviews ou les échanges avec la production, ne figuraient pourtant pas sur les contrats de travail comme des heures supplémentaires payées. Leur demande de paiement des heures supplémentaires n’a, à ce jour, reçu aucune réponse.
Un autre élément de la plainte concerne les blessures subies par Mariella et Catherine lors du tournage. Les deux participantes ont été invitées à participer à un match de football dans le cadre des "activités" de l'émission. Mariella s’est blessée aux chevilles, tandis que Catherine a chuté et s’est gravement blessée au pied gauche et à la tête. "Potentiellement, la blessure de Catherine pouvait être grave mais, faute d’encadrement médical, elle n’a vu un médecin que le soir", rapporte l’avocate. Catherine a été mise en arrêt maladie à compter du 16 avril 2024, pour un accident du travail, mais son état de santé ne s’est pas amélioré, et elle a finalement quitté l’émission. Selon l’avocate, Catherine aurait été "virée du programme", ce qui pourrait constituer une "rupture abusive du contrat de travail".
Interrogée par "Télérama" et Puremédias, la chaîne a préféré ne pas commenter une affaire en cours, "qui de surcroît concerne une autre entreprise", alors que la production du programme est assurée par Warner Bros. De son côté, Warner Bros International Television Production France a indiqué auprès de Puremédias avoir "toujours respecté ses obligations. "C'est au conseil des prud'hommes de statuer avec les éléments qui seront fournis", a ajouté la filiale. Les poursuites des participantes du "Golden Bachelor" viennent s’ajouter à une série d’affaires judiciaires impliquant des émissions de téléréalité, rappellent nos confrères.
En 2014, Marie, une ancienne candidate de "Koh-Lanta", avait poursuivi Adventure Line Productions et TF1 pour faire requalifier sa participation à l’émission en contrat de travail. La justice lui avait donné raison, soulignant la nature scénarisée de sa prestation. En 2010, une autre décision de justice avait contraint TF1 Production à indemniser des candidats de "L’île de la tentation" pour non-paiement d’heures supplémentaires, après que leurs téléphones et passeports aient été confisqués pendant le tournage.
Aux États-Unis également, plusieurs voix se sont élevées contre les conditions de tournage des émissions de télé-réalité. En 2023, pendant la grève des scénaristes à Hollywood, les chaînes et plateformes ont misé sur la télé-réalité pour combler le manque de nouveauté sur leurs grilles. Plusieurs stars de télé-réalité s’étaient alors plaintes d’un traitement injuste qu’elles considèrent comme inéquitable après avoir participé à des émissions sur NBC, Bravo et E!. En avril, une lettre envoyée par les avocats des stars accusait les chaînes de recourir à des tactiques de manipulation, de dissimulation d’incidents de violence sexuelle et de refus de laisser les membres du casting quitter les émissions, entre autres accusations.