Couronné d'une palme d'or, le film d'Abdellatif Kechiche , "La vie d'Adèle", ne devrait cependant pas rester tel quel jusqu'à sa sortie en salles, prévue le 7 octobre prochain. Selon Libération, la version du long métrage récompensée hier par le jury de Steven Spielberg pas adaptée aux impératifs du marché de la salles en France. D'une longueur de 2h57 et amputé pour l'instant de générique final, le film devrait ainsi retourner en salle de montage prochainement. L'objectif serait de le faire passer à 2h50, un format permettant aux cinémas de programmer un plus grand nombre de séances journalières.
Au-delà de ces considérations commerciales, le réalisateur pourrait également être tenté de modifier le contenu du film pour des motifs artistiques. Il faut dire qu'il dispose de l'embarras du choix avec près de 750 heures de rushs accumulées durant six mois de tournage ! Des heures de bobine qui contiendraient encore de nombreuses scènes très intenses non diffusées à Cannes, à la surprise même, parfois, des deux actrices principales qui ont découvert le film sur la Croisette. Interrogées sur Europe 1 juste après la cérémonie de clôture, elles ont rappelé l'étonnement ressenti lors de la première projection du film : "On a été surpris. Il y a beaucoup de scènes, et des scènes très intenses que l'on a tournées (...) qui ne sont pas dans le film".
Le triomphe du film hier parviendra peut-être à étouffer la polémique née des très vives critiques émises durant le festival par certains techniciens du film. Dans un communiqué incendiaire publié le 23 mai dernier, le Syndicat des professionnels de l'industrie de l'audiovisuel et du cinéma a en effet dénoncé les conditions de tournage du film.
Evoquant de nombreux manquements au Code du travail, le syndicat a dénoncé le "harcèlement moral" dont auraient été victimes de nombreux techniciens lors du tournage. Et les relations déjà tumultueuses entre Abdellatif Kechiche et ses techniciens ne se sont pas arrangées avec la projection officielle du film. En cause, l'absence de générique de fin où apparaissent les noms des personnes ayant travaillé sur le film. "C'est comme si nos noms avaient été effacés, on n'existe plus !", a ainsi dénoncé anonymement un technicien au journal Le Monde.