Un mois après son lancement, déjà un licenciement. Vendredi soir, Aude Rossigneux a annoncé son départ de la plateforme "Le Média", web-télé initiée par des membres de la France insoumise, ayant vocation d'être une alternative aux médias mainstream. La journaliste qui officiait également en tant que présentatrice du "20 Heures" du "Média" avait fait la tournée des médias pour défendre ce projet.
Visiblement, son éviction a été brutale et elle l'a fait savoir via une lettre qu'elle a adressée à l'ensemble de sa rédaction, révélée par "Electron libre". "L'annonce de mon éviction du journal et de mon licenciement du 'Média' m'a assommée au point que je n'étais pas en mesure de répondre comme je l'aurais voulu", démarre-t-elle, "Je ne suis pas sûre d'être encore en état d'affronter un dialogue direct. Ecrire est une façon de parler sans être interrompue."
Aude Rossigneux rappelle ensuite "qu'on est venu (la) chercher", elle "était alors la femme de la situation", "parée de toutes les vertus". "L'idée d'une télé différente, engagée mais libre, portée par ses téléspectateurs, et non par l'argent, d'une rédaction unie par un idéal commun mais où seraient respectées les individualités m'a enthousiasmée", confie la journaliste, précisant "s'y être lancée à corps perdu" et "avoir été envoyée au charbon chez les confrères plus ou moins bien disposés", "pour présenter et défendre le projet."
"Tout ce travail, je l'ai fait bénévolement, sans recevoir un sou pendant plusieurs mois. Je ne le regrette pas, je demande seulement qu'on s'en souvienne", poursuit-elle, ajoutant que "les troupes sont toujours motivées, mais épuisées, et pas loin du 'burn out' comme le montrent plusieurs arrêts de travail". Elle interroge ainsi : "Dois-je porter seule la responsabilité des difficultés, des tensions, et des imprécisions de réglage ? En quoi ai-je démérité ? Qu'est-ce qui me vaut ce traitement d'une violence et d'une brutalité qui me laisse dans un état de sidération ?"
Aude Rossigneux pointe du doigt cette "brutalité qui n'est pas exactement conforme à l'idée que chacun se fait d'un 'management' de gauche" et "qui serait peut-être un sujet pour 'Le Média' si elle était le fait d'un Bolloré". "Si mon éviction risque de 'faire du mal' au 'Média", qui en est responsable ? Ceux qui le décident ? Ou ceux qui en parlent ? Cet épisode est une blessure. Je ne renie rien de l'esprit du projet que j'ai défendu", enchaîne-t-elle, avant de conclure : "Le voir abimé n'est pas un plaisir, c'est une souffrance. Je n'avais peut-être pas mérité, il y a quelques mois, cet excès d'honneur."