L'analyse d'un producteur aguerri dans ce secteur. Ces dernières années, les grandes marques de télé-réalité voient leurs audiences s'éroder. Des marques comme "Les Marseillais", "La villa des coeurs brisés", "Les apprentis aventuriers" ou "Les princes de l'amour", qui ont connu une belle époque avec de bons scores d'audience, voient leur nombre de téléspectateurs s'éroder saison après saison. De nouveaux formats comme "Love Island" peinent à convaincre. Interrogé par puremedias.com, Jérémy Michalak, ancien producteur de La Grosse Equipe, qui a lancé avec succès "Les Anges de la télé-réalité" sur NRJ 12, a accepté d'analyser cette tendance.
Selon lui, la baisse d'audience de la télé-réalité s'explique par plusieurs facteurs. "Déjà, il y en a eu trop sur des chaînes qui se ressemblent : W9, TFX, NRJ 12. Il y a le même programme tous les soirs avec les mêmes personnes entre 17h et 20h. Au bout d'un moment, le téléspectateur se lasse de ça", commence-t-il, estimant que "Les Anges" a été "copié-collé avec plus ou moins de réussite" : "Il y a eu des versions plus réussies avec 'Les Ch'tis' et 'Les Marseillais', mais aussi des versions de contrefaçons chinoises, comme 'La villa des coeurs brisés'".
De plus, Jérémy Michalak pense que "les producteurs n'ont pas su renouveler le format" : "C'est trop facile de faire copier-coller et de jamais n'avoir d'idée. Ce n'est pas faute d'avoir essayé pour autant. Je pense qu'ils ont manqué de créativité". Enfin, selon le producteur, "il y a toute l'évolution structurelle du média télé avec une baisse du public jeune devant le petit écran" : "Les réseaux sociaux ont considérablement changé la donne. La vraie vie des candidats, on la vit sur Instagram, pas sur TFX. On est capable de savoir ce qui est faux et ce qui est vrai. Les candidats ont perdu toute authenticité et tout naturel. Ca s'est professionnalisé".
Par ailleurs, celui qui réalise désormais des documentaires sur les escapades de Lucie Carrasco pour France 5 définit "plusieurs époques" de ce genre de télé-réalité en France. "Quand on a commencé 'Les Anges', côté prod et côté candidats, tout le monde participait à cette émission avec une totale candeur et innocence. On ne savait pas vraiment ce qu'on faisait. On tournait sans savoir ce qu'on allait avoir comme histoires. On a des candidats qui improvisaient sur le tas. C'était assez cool", retrace-t-il.
"Puis, il y a eu l'époque où les candidats venaient faire ces émissions pour générer des bookings dans les boîtes de nuit. Leur motivation pour participer à ces émissions était de pouvoir gratter des enveloppes de cash dans des lieux sordides de province le week-end", poursuit-il. Et d'ajouter : "Ensuite, c'est l'époque des 'agents' et des 'managers' ou que je peux appeler 'cousins mafieux' (rires). Ils ont commencé à poser des conditions complètement folles. C'était très parasite pour les producteurs. Ils disaient : 'Kevin, il veut bien faire votre émission mais il ne commence jamais avant 11h le matin et préfère être payé en liquide'. C'était fou ! Ca a commencé à altérer la sincérité du circuit".
Jérémy Michalak évoque enfin "l'époque Instagram" : "Ils sont venus faire des émissions de télé pour faire grossir leur communauté et faire des placements de produire afin de vendre du dentifrice. Ils ne venaient plus faire une émission de télé. Ca a tué les bonnes raisons de participer à ces programmes".
A travers ces époques, les candidats seraient devenus "pour la plupart de mauvais comédiens", "que le public ne comprend plus" : "Il y a des couples qui changent entre chaque émission. On comprend en fait qu'ils font des choix dans les programmes juste pour faire des histoires et créer un rebondissement. Il n'y a plus aucune crédibilité sur rien. Le public s'est lassé qu'on se foute de sa gueule". Sans omettre les récents "bad buzz qui ont entouré les placements de produit et les influvoleurs" : "Je pense que ça n'a pas arrangé la situation".