Interview
"Je savais que j'allais être critiqué" en éliminant Ugo : Thibault ("Koh-Lanta") revient sur son aventure avant l'épreuve finale des poteaux
Publié le 27 novembre 2024 à 10:26
Par Bruna Fernandez
Finaliste de cette saison du jeu d'aventure de TF1, l'agriculteur corse est resté fidèle à l'équipe des jaunes jusqu'au bout, avant de briller en solo lors de l'avant-dernière épreuve. Pour Puremédias, il se confie sur son état d'esprit avant l'ultime épisode.
La bande-annonce de "Koh-Lanta : la tribu maudite" © TF1
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Il pourrait bien remporter cette saison. Papa de deux petites filles et agriculteur, Thibault est le "nourricier" de cette saison de "Koh-Lanta". Le Corse, fier de sa terre natale et rugbyman expérimenté, a su faire jouer sa passion pour la cueillette et la pêche sous-marine pour "nourrir sa tribu" comme il aime tant le dire. Le résultat, c'est une aventure sans encombre. Apprécié de la plupart des aventuriers, et jamais en danger sur les conseils, il est resté fidèle à ses ex-jaunes de tout le long de la saison, jusqu'à éliminer, un peu à contre-cœur un aventurier qu'il admire tant : Ugo. Qualifié pour la redoutable épreuve de l'orientation, il a usé de son expérience pour être le premier à trouver le fameux poignard en à peine plus d'une heure. Avant l'ultime épreuve des poteaux, le finaliste de "Koh-Lanta : la tribu maudite" s'est livré pour Puremédias sur son aventure, et les valeurs qu'il a eu envie de transmettre à travers l'écran. 

Propos recueillis par Bruna Fernandez

Vous êtes passionné de pêche sous-marine et de nature, vous êtes agriculteur et éleveur. Postuler à "Koh-Lanta", c'était une évidence pour vous ?Thibault : Oui, tout à fait. C'était une évidence depuis longtemps. J'avais juste un manque de temps à cause de mon métier. Je n'avais pas pu m'inscrire plus tôt, mais c'était un rêve depuis la première saison de "Koh-Lanta", que je regarde depuis le début. Et j'ai eu la chance de taper dans l'œil du casting dès ma première inscription. J'ai fait un "one shot" et je suis super content d'avoir été pris du premier coup.

Lorsque vous avez vu que des anciens comme Frédéric et Ugo participaient à votre saison, qu’avez-vous ressenti ? Vous admiriez Ugo, non ?
Oui, Ugo était pour moi l’aventurier numéro un. Bien sûr, il y a Teheiura, Claude, mais Ugo incarne des valeurs extrêmement saines. C’était quelqu’un que j’admirais et que j’admire encore aujourd’hui. Combattre à ses côtés a été une immense fierté, un véritable cadeau de TF1, de "Koh-Lanta", et de la production.

Vous auriez préféré être dans l’équipe d’Ugo ?
J’aurais aimé, mais je ne dirais pas que j’aurais préféré. Frédéric était un très bon capitaine, même s’il a mis un peu de temps à s’affirmer. Je lui avais conseillé d’être plus ferme, et il l’a fait. Ugo, lui, laissait plus son équipe s’exprimer, ce qui a conduit les rouges à se diviser. À mon avis, une équipe avance mieux avec un capitaine qui sait rassembler, et Frédéric a réussi à le faire.

"Éliminer Ugo augmentait nos chances de réussir" 

Thibault "Koh-Lanta" 

Quand vous avez éliminé Ugo, vous vous êtes senti à l’aise avec ce choix ?
Pas du tout à l’aise. Je savais que j’allais être critiqué, et ça a été le cas. Mais comme Ugo l’a dit lui-même, c’est un jeu, et il aurait fait pareil à notre place. Cela m’a permis de relativiser. Cette décision était aussi stratégique : on voulait maintenir un maximum de jaunes jusqu’à l’orientation, et éliminer Ugo augmentait nos chances de réussir cet objectif.

À LIRE AUSSI : "Je savais que mon nom finirait par apparaître" : Ugo réagit à son élimination aux portes de la finale de "Koh-Lanta"

Vous parlez souvent de la Corse et de vos filles. Qu’aviez-vous envie de représenter dans le programme ?
J’avais envie de faire un "Koh-Lanta" propre, de montrer qu’on peut rester soi-même, tenir ses engagements et ses paroles, même dans un jeu stratégique. Je voulais transmettre ces valeurs à mes filles et aux jeunes, car je trouve qu’on vit dans une société où le vice, la trahison et l’entourloupe prennent trop de place. Dans mon métier, on est proche de la terre et de la nature, ce qui donne une vision différente. Avec "Koh-Lanta", je voulais prouver qu’on peut réussir sans trahir. Heureusement, j’ai eu la chance d’avoir une équipe et une alliance très soudées.

Est-ce que votre expérience dans le rugby vous a aidé à vivre en collectivité et à être soudé avec votre équipe ?
Oui, clairement. Dans mon équipe de rugby, même en étant en difficulté, on se serre les coudes. C'est exactement ce qui s'est passé avec l'équipe jaune dans "Koh-Lanta". Même dans la défaite, on est restés solidaires. Dans la victoire, les rouges ont eu des dissidences, mais nous, on a su se recentrer. C'est cet esprit d’équipe qui nous a permis d’aller loin. D'ailleurs, je préfère les épreuves en équipe que celles en individuel. 

Vous parlez souvent de votre rôle dans l’équipe, qui était celui de nourrir la tribu, une passion. Qu'est-ce que cela représente pour vous dans "Koh-Lanta" ?
C'est une passion que j'ai depuis tout petit. Dans la vie, c'est ce qui est le plus important pour moi : ramener à manger à la maison. La nature et l'autosuffisance, c'est primordial. Je trouve que c'est le plus beau métier du monde, celui de chasseur, cueilleur, pêcheur. Et "Koh-Lanta" m’a permis de vivre cela pleinement. En plus, j'aime l'idée de nourrir la tribu, de participer à l'aventure en apportant quelque chose de concret.

Comment avez-vous vécu la privation de nourriture ?
Très compliqué, très dur pour le mental. Les gens ne se rendent pas bien compte derrière leur écran. Ils mangent leur pop-corn, et c'est très bien, qu'ils continuent, mais nous, c’est une autre histoire. Quand on manque de nourriture, on pense aux gens qui en manquent dans le monde. C’est dur mentalement. Mais avec un bon mental, on peut tenir. Et puis, ma passion pour la recherche de nourriture dans la nature m’a motivé à me surpasser.

"Si Maxim avait trouvé le collier, ça aurait pu vraiment faire le buzz"

Thibault "Koh-Lanta" 

Lors de l'épisode des destins liés, vous avez essayé de poser un piège pour Maxim avec le collier d'Ilyesse. Comment avez-vous eu cette idée ?
On en parlait avec l'équipe, en cherchant comment surveiller Maxim. Je savais que c'était une idée audacieuse, mais on voulait utiliser un minimum d'énergie pour observer s'il trouvait le collier. Finalement, ça n'a pas marché, mais c'était une tentative. Je pense que si Maxim l'avait trouvé, ça aurait pu vraiment faire le buzz, mais ce n'est pas grave. On a essayé, c’est ce qui compte (rires) !

À LIRE AUSSI : "Un plan totalement inédit dans l’histoire de 'Koh-Lanta'" : La folle tentative d’Ilyesse et Thibault pour éliminer un ex-rouge

Vous avez évoqué le fait que vous êtes plus à l'aise dans une équipe qu'en individuel. Pourtant, vous avez remporté une épreuve individuelle importante, celle des sacs. Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?
C'était un moment de pure satisfaction. J'avais ce rêve de gagner une épreuve, et celle des sacs, c’était un vrai défi pour moi. C'était aussi un moyen de montrer que même dans un contexte de grande fatigue et de privation, on peut toujours se surpasser. Et bien sûr, gagner cette épreuve en pensant à mon frère, c’était un moment symbolique très fort. Ça représentait beaucoup pour moi, mon frère est une figure importante dans ma vie et dans ma passion pour la pêche. C'est une victoire qui m’a beaucoup marqué.

Avez-vous été reconnaissant des autres aventuriers de ne pas vous avoir alourdi avec vos sacs ? 
Oui absolument. Et la reconnaissance, elle était dans les deux sens. Les autres me remerciaient tout le temps de leur ramener du poisson, de leur amener des cocos. J’ai trouvé des choses comme de la patate douce, des maniocs, du tarot… J’ai fait le panel entier de la canne à sucre, j’ai tout trouvé sur "Koh-Lanta", sauf un collier d’immunité, parce que je ne le cherchais pas. Donc je suis quand même fier d’avoir eu cette reconnaissance, comme quoi on peut gagner des épreuves grâce à la survie aussi. C’est une grande fierté.

Dans l’épisode de cette semaine, avant l'épreuve d’orientation, Denis Brogniart vous dit que vous avez un visage très fermé. Comment abordez-vous cette épreuve ?
Je fais du rugby de compétition. On est dans une division assez basse, moyenne, mais régionale. On a disputé des matchs de phase finale très importants, avec du public, des caméras, des journalistes. Je sais que les matchs de championnat, c’est une chose. Mais les matchs de phase finale, c’est une autre histoire. Il faut rentrer dans un mental encore plus fermé et concentré. Là, c’était comme une finale régionale de très haut niveau. Et j’étais déterminé, très concentré, beaucoup plus que sur les autres épreuves. J’essayais de canaliser la pression, de la transformer en positif, de ne jamais rien lâcher, de ne jamais baisser les bras. J’ai un cousin germain qui a joué à très haut niveau, en équipe de France à 7, et qui m’a beaucoup conseillé avant "Koh-Lanta". ll m’avait dit quoi faire, comment me concentrer, comment travailler là-dessus. Je n'ai jamais eu de rendez-vous avec des psychologues du sport, mais lui, oui. Donc voilà, une énorme concentration et détermination pour affronter cette épreuve.

"Quand je trouve ce poignard, je me suis dit : 'Réveille-toi maintenant, bon sang, c’est quoi cette connerie ?'"

Thibault "Koh-Lanta" 

Quand vous trouvez ce poignard, c’est une libération ? Vous ressentez de la fierté ?
Oui, même là, j’ai l’émotion qui remonte. Je le revois, ce moment. En fait, je n’y croyais pas. Je me suis dit : "Mais non, ce n’est pas possible…". C’était comme quand on gagne une finale, mais là c’était multiplié par 20, par 10, par 1.000. J’étais au paradis quand j’ai vu ce manche sous cette pierre. Tout de suite, j’ai compris qu’il était là. Et là, j’ai dit : "C’est un rêve. J’hallucine, j’hallucine. Je suis à 'Koh-Lanta', je trouve un poignard, c’est dingue !". Je me réveillais tous les matins avec Ugo souvent, les premiers sur le camp. Quand j’ouvrais les yeux, je voyais tout le monde autour de moi, le feu, la mer des Philippines, Ugo à ma gauche… et je me disais : "Mais c’est quoi ce rêve-là ?". J’avais l’impression de rêver tout le temps. Et là, encore plus quand je trouve ce poignard, je me suis dit : "Réveille-toi maintenant, bon sang, c’est quoi cette connerie ?" (rires)

Comment vous préparez-vous mentalement pour l'ultime épreuve des poteaux, surtout avec les adversaires en face de vous ?
Les poteaux, ce n’est pas mon fort. Je savais que j’avais des adversaires ultra-sportifs, en particulier dans les sports individuels. Donc, là je me retrouve seul face à mon destin dans une épreuve qui ne m’inspire pas beaucoup. Mais je me suis dit : ‘Donne tout, ça va passer, au petit bonheur la chance, mais reste concentré.’ Je suis parti avec une grande concentration, mais un peu moins de pression. Pour moi, j’avais déjà fait le plus gros du travail avec l’orientation. Arriver premier à l’orientation, c’était une grande fierté. En plus, j’avais des adversaires comme Charlotte, qui avait prouvé qu’elle était une warrior sur les épreuves statiques, donc je savais que ça allait être difficile face à elle.

Et concernant vos coéquipiers, vous vous êtes retrouvé avec Ilyesse et Charlotte, deux ex-jaunes. Vous étiez heureux d’avoir réussi à être trois jaunes en finale ? 
Oui, exactement. On a réussi notre pari fou. Ce n’était pas gagné, mais on a réussi avec Charlotte, que j’adore. Elle a vraiment prouvé qu’elle était super sur les épreuves. Donc, c’était un combat honorifique face à eux. Et puis, Ilyesse, c’est une machine. C’est un cerveau sur pattes, et son corps est sculpté. Il a vraiment tout pour "Koh-Lanta". Il est sec, musclé, et très endurant. Il avait vraiment le profil pour les poteaux, contrairement à moi. Je suis plus petit, trapu. Mais je joue tout sur un centre de gravité très bas, ce qui peut être un petit avantage.

Si vous deviez refaire "Koh-Lanta", vous le feriez, malgré toutes les difficultés ?
Si vous m’aviez posé la question en partant de là-bas, je vous aurais dit "attendez un peu avant de la poser", parce qu’on était secs, épuisés, on avait souffert. Les proches nous ont énormément manqués, on voulait tellement les retrouver. Cette question semblait un peu prématurée. Mais là, avec le recul, c’était tellement une belle expérience que, oui, je repars tout de suite. Si on m’appelle, je repars. C’est une épreuve de vie, une aventure hors du commun. Et surtout, ce sont des rencontres extraordinaires. Je sais comment les appréhender. Après, je ne dis pas que ça marcherait aussi bien une deuxième fois, parce que les gens qui étaient avec moi étaient merveilleux, et peut-être que ça ne se passerait pas aussi bien à nouveau. Mais en tout cas, j’ai été super bien entouré. Et si c’est à refaire, oui, complètement !

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