13 octobre 2023. Sur un trottoir de Vitry-sur-Seine, à quelques minutes de Paris, une vingtaine de personnes patientent et discutent devant les studios de répétition de musique "Hocco". À l'intérieur, dans le plus grand secret, les états-majors de la société de production ITV Studios France et de TF1 s'apprêtent à auditionner, une ultime fois avant les auditions à l'aveugle, les 140 derniers talents de la saison 13 de "The Voice". Après 8 mois de casting, 56.000 candidatures reçues, 1.500 artistes auditionnés "en vrai", l'heure est au choix pour la production du plus grand télé-crochet de France. À la clé de ces deux jours marathon, 100 places pour tenter de passer sur TF1 et faire se retourner les fauteuils de Mika, Zazie, Bigflo et Oli et Vianney.
"On est dans le coeur du réacteur de 'The Voice', l'un des secrets de fabrication de l'émission", analyse pour puremédias.com Rémi Faure, le directeur des flux du groupe TF1. "C'est la dernière étape avant le plateau. Les équipes d'ITV Studios connaissent très bien les talents mais nous du côté de TF1, on va les découvrir. Mon rôle est d'avoir la photographie finale de la saison, de visualiser à quoi elle va ressembler. Dans 'The Voice', ils chantent tous très bien mais il faut quand même veiller à un équilibre : avoir assez de chansons en français, avoir des moments qui vont animer les coachs, les faire se lever de leur siège, les bousculer, les étonner, etc".
Pour cela, la Une ne lésine pas sur les moyens. Pendant une semaine, les 140 talents ont répété la chanson qu'ils rêvent d'interpréter sur le plateau du télé-crochet avec Olivier Schultheis et huit musiciens. "Ce n'est pas anodin, ça a un coût. L'immense majorité des émissions de télévision ne se paye même pas un orchestre de ce type en plateau. Nous, on a un orchestre d'une qualité incroyable pour des répétitions, c'est complètement fou. C'est un luxe vraiment dingue", se félicite Rémi Faure.
Pendant deux jours, le patron des divertissements de TF1, accompagné de Matthieu Grelier (directeur des programmes chez ITV Studios France), Pascal Guix (producteur artistique de 'The Voice') et Jérôme Maubert (directeur artistique) vont donc assister à 140 auditions et "écarter quelques profils qui font des choses un peu trop propres ou qu'on a déjà vu dans 'The Voice' et vérifier que la photographie globale est la bonne". Résultat : "Ça signifie qu'on peut changer les chansons de certains et qu'il est encore temps de briefer les équipes d'ITV et de Bruno Berbères pour aller chercher un profil qui nous manque. En général, le directeur de casting repart avec une toute petite feuille de route pour affiner la sélection vu qu'il y a un mois entre les auditions finales et les auditions à l'aveugle", glisse Rémi Faure.
Et même si depuis 13 ans la production de "The Voice" a fait ses preuves quant à la qualité de son casting, TF1 reste plus exigeante que jamais. "Il n'y a pas longtemps, on a fait les "auditions finales" de 'The Voice Kids 2024', je trouvais que la couleur globale était trop intense, trop sombre. Sur une émission avec des enfants, il faut faire attention à ce que l'intensité ne prenne pas le pas sur le plaisir d'être là. Systématiquement il y a un petit réglage à faire, soit on est un peu trop sérieux, soit il nous manque un profil ou deux un peu plus adulte, qui vont toucher un peu plus large. C'est un réglage millimétrique", explique Rémi Faure.
En attendant leur passage, les talents défilent à l'étage supérieur pour signer leur contrat et assistent à un briefing de la production sur la suite de l'aventure : la diffusion de l'émission sur TF1, leur exposition, les interviews avec la presse et notamment la gestion de leurs réseaux sociaux. Une heure avant le moment fatidique, chaque talent a le droit à un échauffement vocal personnalisé avec Nathalie Dupuy, coach vocal historique du programme. Puis le grand moment est arrivé.
Ce jour-là, 67 talents vont se succéder devant les directions de TF1 et ITV Studios France. Les compliments vont alors s'enchaîner. "Il tue lui. Il est perché dans son monde. Il est spécial", savoure Rémi Faure après le passage d'un chanteur parisien de 32 ans. "Il est spécial, habité. J'ai écrit 'je veux buzzer sur toi'. C'est la première fois que ça me fait ça, j'avais les larmes aux yeux", lance-t-il ému, après la reprise de "Mourir sur scène" de Dalida par un étudiant de 21 ans. "Elle est drôle, un peu marrante, les enfants vont l'adorer", lâche le patron de flux de TF1 après la prestation d'une bouchère sur le titre "Tout est bon dans le cochon" de Juliette.
Particularité de ce cru 2024 ? Toujours plus de diversité dans les profils présentés aux téléspectateurs. "On a pris un virage l'année dernière qu'on a décidé d'encore plus accentuer cette année. Celui d'aller chercher de vrais gens qui ont la musique en passion", nous indique Bruno Berbères qui sillonne la France avec ses équipes toute l'année. Devraient donc passer les auditions à l'aveugle cette saison, une assistante maternelle, une comédienne, une influenceuse, un couvreur, une serveuse, un employé municipal, une hôtesse à l'opéra, une monitrice d'accrobranche, une podologue ou encore un ingénieur en aérospatial.
Le nouveau Kendji Girac est-il passé ce jour-là ? Nul ne le sait encore. Les 40 talents non-sélectionnés apprendront une semaine plus tard que la production n'a pas choisi de poursuivre l'aventure avec eux. Pour les autres, l'aventure "The Voice" commence samedi soir sur TF1.