Critique. Que seriez-vous prêt à faire pour 1 million d'euros ? Ce soir, à 21h, la Une proposera à ses téléspectateurs de découvrir "Piégés", unitaire en deux parties porté par Odile Vuillemin et Thierry Neuvic. C'est donc avec ce thriller réalisé par Ludovic Colbeau-Justin ("Juste un regard", "Traqués"), co-produit par Capa Drama et ITV Studio France, et adapté de la mini-série britannique "The Reckoning", diffusée en 2011 sur ITV, que TF1 donnera le coup d'envoi de sa saison de fiction française.
Le point de départ de l'intrigue est pour le moins efficace. Odile Vuillemin incarne Elsa Aubry, une femme sans histoire qui se retrouve convoquée chez le notaire pour une raison inconnue. Elle découvre qu'elle est bénéficiaire de la somme de 1 million d'euros, héritée d'un parfait inconnu. Dans le bureau du notaire, elle découvre, en consultant une clé USB, qu'elle doit remplir une condition bien précise pour toucher cette somme : tuer un homme qui mérite mourir. Terrifiée, Elsa fait immédiatement part de la situation à Marc (Thierry Neuvic), son mari. Alors que le couple a besoin d'argent pour soigner leur fille gravement malade, ils se trouvent alors confrontés à un dilemme moral.
Bien que surréaliste, ce chemin d'entrée dans la fiction a le mérite de saisir d'emblée l'attention du téléspectateur. L'enjeu est posé sans tarder et toute la première partie est consacrée au doute qui s'insinue rapidement dans l'esprit de Marc et se diffuse plus lentement dans celui d'Elsa. Au milieu de cette histoire résolument hors du commun, Elsa est une héroïne tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Comme à l'accoutumée, Odile Vuillemin se glisse avec beaucoup de justesse dans les traits de son personnage, dont le sens moral puis la fébrilité et enfin l'angoisse transparaissent dans une parfaite maîtrise à l'écran.
En moins de 52 minutes, le personnage joué par Odile Vuillemin passe du statut de mère de famille douce et aimante à celui de potentielle assassin. Une transition accélérée par un basculement efficace entre la première et la deuxième partie. Dans le deuxième moitié du téléfilm, le personnage d'Elsa Aubry se retrouve ainsi pris dans une machination machiavélique qui rappelle très vaguement un procédé utilisé dans "Saw" et qui va précipiter le téléspectateur à toute vitesse vers le dénouement. Car la deuxième partie passe vite, très vite, parfois trop vite et s'achève précipitamment sur une fin qui en laissera plus d'un sur sa faim.
Téléfilm globalement réussi - si l'on excepte le final qui n'en est pas vraiment un - et bien joué, "Piégés" a tous les atouts d'un bon thriller de gare avalé le temps d'un Paris-Lyon. Son principal défaut tient peut-être finalement à son format. "Piégés" aurait parfaitement eu la matière d'être développé en mini-série sur quatre voire six épisodes. Les personnages ont l'étoffe nécessaire et l'intrigue aurait pu être étirée, ce qui aurait pu avoir l'avantage d'éviter un épilogue franchement décevant.