La bataille pour le maintien du "Soir 3" se déplace sur le terrain politique. Le 18 juin dernier, lors de la conférence de presse de rentrée de France Télévisions, Yannick Letranchant, patron de l'information du groupe, a officialisé le projet de transférer "Soir/3", l'édition d'information d'information quarantenaire du soir de France 3, sur franceinfo. Dès la fin août, les équipes du "Soir/3" seront ainsi réaffectées au "23 Heures", la nouvelle tranche de la chaîne info du service public, qui sera proposée à heure fixe, durera trente minutes et sera tournée vers "l'Europe, l'économie et l'international".
Depuis quelques mois, la perspective de ce transfert suscite une forte hostilité des syndicats, qui ont organisé la mobilisation à travers plusieurs grèves. Sur le web, une pétition lancée par un représentant du SNJ (syndicat national des journalistes, ndlr) de France Télévisions a recueilli près de 5.000 signatures. Début juin dans un préavis, le SNJ, la CGT, l'Unsa et Sud estimaient que "cette suppression (la direction de France Télévisions rejette ce qualificatif et préfère parler de "transfert") est une insulte à tous ceux qui depuis des années sont les artisans de la réussite de cette édition".
Dans les colonnes du "Figaro", en date de ce samedi, un responsable syndical du SNJ promet que "le combat n'est pas terminé" et compte désormais sur la mobilisation des politiques. Cette semaine, au Sénat, lors des questions au gouvernement, Franck Riester, ministre de la Culture, a été interrogé par une députée à ce sujet. Le ministre est allé dans le sens de la direction de France Télévisions en estimant que le "Soir 3" ne "remplissait pas complètement son rôle de façon claire et puissante sur la proximité, l'international et l'Europe".
Mais la position du ministre n'est pas celle de toute la classe politique. Dans une lettre adressée à Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions, au Premier ministre Edouard Philippe et à Franck Riester, 80 députés de tous bords réclament le maintien du "Soir 3". "Elus des territoires, nous savons que la disparition de ce programme impactera la qualité d'information de nos concitoyens" écrivent-ils dans cette lettre, publiée sur Twitter par le député Aurélien Pradié qui en partage l'initiative avec Frédérique Dumas, députée des Hauts-de-Seine.