La mauvaise nouvelle était attendue. En proie à de fortes difficultés financières et tombé à 28.300 exemplaires mensuels vendus en 2014, le magazine LGBT "Têtu" a été placé en liquidation judiciaire ce jeudi par le tribunal de commerce, faute de repreneur. "Tout le monde est licencié. Cela fait une dizaine de personnes, dont 5 journalistes", a déclaré Yannick Barbe, directeur de la rédaction, à l'AFP. Cette décision intervient alors que le mensuel venait de fêter ses 20 ans d'existence et avait été placé en redressement judiciaire début juin.
Interrogé hier sur France Inter, Sylvain Zimmermann, rédacteur en chef adjoint du mensuel, avait manifesté sa peine quant à cette décision. "C'est inacceptable pour ce magazine qui porte les combats des homosexuels depuis 20 ans", avait-il déclaré, espérant qu'un repreneur se manifeste d'ici la décision de justice. "Têtu a donné une visibilité à l'homosexualité partout en France, il leur a souvent permis de faire leur coming-out. C'est un magazine d'utilité publique", avait-il ajouté.
A l'inverse, ce matin, Didier Lestrade, co-fondateur de "Têtu" en 1995, accordait une interview à charge contre le mensuel dans les colonnes de Libération. "On parle de cette liquidation comme si c'était un peu triste, ça l'est. Mais personne ne va plus loin pour expliquer pourquoi Têtu, et le site Yagg sont confrontés à de telles difficultés", expliquait-il, dénonçant entre autres un magazine qui "a complètement raté le coche d'internet". "Le gros problème de Têtu c'est qu'il est détesté par tout le monde, comme le journal de style de vie et de crème solaires", assènait-il, jugeant que "Têtu" était "devenu mou du cul". Une interview assassine le jour de la mise en liquidation judiciaire jugée "immonde" par le directeur de la rédaction du mensuel.