"Immolé par ses employeurs sur l'autel du bien". Ce mercredi, Raphaël Enthoven a dédié sa chronique quotidienne dans la matinale d'Europe 1 à Tex, l'animateur viré de France 2. En effet, début décembre, le présentateur des "Z'amours" avait prononcé une blague douteuse sur les violences faites aux femmes dans une émission de C8, qui lui a d'abord valu une mise à pied. Une semaine plus tard, sa société de production, Sony, lui a indiqué qu'il était évincé du jeu qu'il présentait depuis 17 ans sur la deuxième chaîne.
"Il est vulgaire, gras, grossier, violent, sexiste, inexcusable de dire ça. En ce sens, les paroles de Tex ne posent aucun problème. Même les gens que ça a fait rire trouvent ça con", a démarré Raphaël Enthoven, expliquant : "Le problème est qu'il était impossible au moment de la polémique de trouver excessive la sanction fulgurante qui s'est abattue sur l'animateur, sans passer aussitôt pour un défenseur excessif des violences faites aux femmes". Il a ajouté : "Le problème, c'est le coût de la nuance. Si vous affirmez simultanément que cette blague est idiote et qu'il est excessif d'être viré du jour au lendemain pour ça, votre discours sera immédiatement disqualifié."
Le philosophe de la matinale d'Europe 1 a ensuite comparé le public à l'oeil de Sauron : "Dès qu'il plisse un sourcil, ses limiers vous verbalisent littéralement. Ils vous enferment dans vos paroles et vous ordonnent de leur ressembler. Ainsi s'y prend la majorité pour exercer la censure sur le débat qu'elle redoute". Certes, le chroniqueur a précisé que "la victime" de cette censure "est moins noble" que celle exercée "aux dépens des héros, des scientifiques, des écrivains, des artistes, des journalistes et des dissidents", mais "la procédure est identique et aussi expéditive."
Raphaël Enthoven a ensuite ajouté que "la censure n'est pas d'interdire une parole", "surtout quand elle est sexiste", mais elle est "d'interdire celui qui parle". "Non seulement Tex a été viré mais il a été crucifié. Qu'il présente ensuite des excuses comme il l'a fait ou qu'il dénonce toute violence faite aux femmes n'y changera rien", a-t-il enchaîné, avant de lancer : "La direction de la chaîne présume, peut-être à tort, que le public a soif de son sang et qu'un bon coupable est une exquise denrée pour une foule affamée de vertus". L'écrivain a conclu : "Tex a été immolé par ses employeurs sur l'autel du bien, dont les tribunaux populaires ne laissent aucun droit à la défense. On peut vouloir le bien et se comporter en tyran". puremedias.com vous propose de visionner la séquence.