Plus d'1,4 million de téléspectateurs ont assisté ce mercredi soir à "Face à Baba", l'émission politique de C8. Pour ce troisième numéro,Cyril Hanouna recevait la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen. Et vraisemblablement, Patrick Cohen n'était pas dans la salle.
Dans une interview au "Parisien", l'ancien anchorman de France Inter porte, en effet, un regard très critique sur les méthodes du trublion. Il déplore que "chez lui", tout soit "au service du clash, du spectacle et des coups bas", confie le journaliste qui recevra l'ensemble des candidats à la présidentielle dès ce vendredi 18 mars dans "ADN", une émission réalisée dans un décor on ne peut plus sobre diffusée sur le site internet de l'Institut national de l'audiovisuel (INA).
"On zappe d'un thème à l'autre sans approfondir, de façon caricaturale. Hanouna dit lui-même qu'il faut aller sur les sujets les plus clivants car ça emmerde les gens de parler d'économie. Ce n'est pas ma façon de concevoir la politique, et je ne voudrais pas être à la place des candidats", ajoute l'éditorialiste de "C à vous", talk concurrent de "Touche pas à mon poste".
Faut-il aller ou non chez Cyril Hanouna ?, s'interroge alors Patrick Cohen. "On ne se grandit pas toujours sur ses plateaux. C'est compliqué de garder une stature présidentielle en participant à ces jeux du cirque". Avant de nuancer : "Je ne condamne pas tout en bloc. Je suis sensible à l'argument qui consiste à dire que ses émissions éveillent des jeunes à la chose publique. Je suis plus critique dans la manière d'aborder certains sujets dans 'Touche pas à mon poste' avec des personnalités complotistes ou marginales, comme Fabrice di Vizio, sans contrôle journalistique".
Cyril Hanouna reconnaissait bien volontiers, dans une interview à "Libération" en octobre dernier, le fait qu'il "rend(e) tout le monde sympathique". Il évoquait d'ailleurs son invitée fil rouge d'hier soir. "Je sais que si demain Marine Le Pen, que je n'ai jamais rencontrée, vient sur le plateau (...) on va la rendre sympathique parce que notre problème c'est qu'on est plutôt bienveillants." "C'est le seul problème", confiait-il.
L'animateur phare de C8 se défendait dans le même temps de dérouler le tapis rouge à ses invités politiques sans leur opposer de contradicteurs. Exemple à l'appui. "La vérité, je veux que tout le monde puisse discuter dans l'émission. Je me souviens des réactions lorsque j'ai invité la jeune fille de Génération identitaire, Thaïs d'Escufon. Je me suis fait fracasser mais elle s'est fait contrecarrer par tout le monde sur le plateau, et on a montré le vrai visage de Génération identitaire. Derrière, ça bouge".