"Un beauf qui humilie pour mieux briller". À l'instar de celle-ci, de nombreuses descriptions peu élogieuses de Pierre Ménès apparaissent dans l'enquête interne diligentée par Canal+. La chaîne cryptée avait lancé des investigations après la diffusion, en mars 2021 sur la chaîne cryptée, du documentaire de Marie Portolano, "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste". Selon BFMTV, qui révèle ce vendredi le contenu de ce rapport classé confidentiel, "42 personnes - 25 hommes et 17 femmes - travaillant dans la sphère du 'Canal football club' ou de la direction des sports de Canal+ ont été sollicitées. Seules 30 ont accepté de témoigner".
Dans ce rapport, sept personnes - deux hommes et cinq femmes - s'estiment victimes de "comportements sexistes et inappropriés" et douze personnes déclarent avoir été témoins de ces comportements. Dans de nombreux témoignages, Pierre Ménès apparaît comme un "beauf avec un langage coutumier grossier et vulgaire" qui, quand il s'adresse aux femmes, tient des propos "souvent de nature sexuelle et dégradants".
Pierre Ménès serait par ailleurs connu pour son "double comportement". Il peut à la fois être "très protecteur" avec les personnes auxquelles il attribue" "une certaine légitimité". Il l'a notamment prouvé en encourageant l'arrivée à l'antenne de nombreuses anciennes sportives, est-il écrit dans le rapport. Dans le même temps, il apparaît aussi "vulgaire et provocateur envers les plus faibles", dit le rapport. Les plus faibles étant, rapporte BFMTV, les débutants et les personnes qu'il estime "non légitimes", mais aussi des personnes extérieures au milieu du football comme les maquilleurs. "Il voulait montrer sa supériorité de cette manière", "il vannait beaucoup, toujours pour défendre son territoire" contre "les personnes qui pouvaient lui faire de l'ombre à l'antenne".
Interrogé par BFMTV, l'avocat du chroniqueur, Arash Derambarsh, parle de "procès injuste" et conspue un rapport "où il n'y a ni lieu identifié, ni nom identifié, ni infraction identifiée". "Ce rapport ne vaut rien", estime-t-il. "Cette enquête n'a rien donné", avait assuré pour sa part Pierre Ménès à puremedias.com le 24 septembre 2021.
Dans le rapport, Pierre Ménès n'est en revanche pas décrit comme un agresseur sexuel. Aucun témoignage ne laisse penser "qu'il attendait des faveurs de nature sexuelle en retour de son comportement". Aucun "fait relevant de qualification pénale devant être signalé à la justice", ni agression sexuelle, ni harcèlement sexuel, ni harcèlement moral n'a été relevé, souligne le document.
L'enquête interne précise toutefois elle-même qu'elle exclut de cet état des lieux les deux baisers forcés de Pierre Ménès, à Isabelle Moreau sur Canal+ tout d'abord, et Francesca Antoniotti sur C8 ensuite, tout comme l'épisode dénoncé par Marie Portolano selon laquelle Pierre Ménès lui a un jour soulevé sa jupe sur le plateau du "Canal Football Club", hors antenne. Trois faits déjà évoqués dans le sillage de la diffusion du documentaire "Je suis journaliste, je ne suis pas une salope" sur Canal+.
Si aucun fait ne relevant d'une qualification pénale n'est mentionné dans le rapport, le parquet a tout de même ouvert, le 4 janvier dernier, une enquête préliminaire pour agression sexuelle et harcèlement sexuel. Selon une source proche du dossier citée par BFMTV, les enquêteurs ont récemment demandé à récupérer les coordonnées des personnes ayant témoigné dans le rapport de Canal+ afin de les convoquer prochainement.
Pierre Ménès est, par ailleurs, depuis la fin de l'année dernière au centre d'une autre affaire. Il est soupçonné d'avoir touché le 20 novembre 2021 la poitrine d'une hôtesse d'accueil dans l'enceinte du Parc des princes, alors qu'il assistait au match PSG-Nantes. Le parquet de Paris a là aussi ouvert une enquête. Pierre Ménès, qui conteste les faits, avait été placé en garde à vue et à l'issue de celle-ci, il s'était vu délivrer une convocation par officier de police judiciaire (COPJ) pour être jugé le 8 juin prochain.
Si Pierre Ménès a tourné la page Canal+, il a fait son retour, depuis le 12 octobre, sur la scène médiatique avec le lancement d'une plateforme numérique dédiée au football. Baptisée "Pierrot Football Club", celle-ci a été créée en partenariat avec Reworld Media, groupe de presse éditant de nombreux magazines dont "TéléStar", "Grazia" ou "Closer".